En radio, comme en télé, ce sont les jeunes pousses téméraires qui ont ouvert la voie de la diffusion de programmes sur le net. Notamment sous l’impulsion des prestataires techniques (captation de flux, encodage, diffusion), l’idée qu’on ne pouvait passer à côté de la révolution du web s’est imposée à tout le monde. Y compris aux grands acteurs des ondes hertziennes qui deviennent aujourd’hui omniprésents sur Internet.En l’espace de deux ans, l’ensemble des fréquences de Radio France, RTL, Europe 1 et 2, NRJ, Fun Radio, SkyRock, RFM et BFM, est venu grossir une offre déjà pléthorique de stations purement on line. Au total, bien qu’il soit difficile d’effectuer un décompte exhaustif, entre radios nationales, locales, d’outre-mer ou encore Internet only, l’internaute dispose, via son ordinateur, d’un immense tuner pointant sur plus de 220 stations françaises et plus de 8 900 radios à l’échelle mondiale.Pourquoi un tel engouement ? Pour les petites radios associatives et communautaires, c’est la seule façon d’exister et de toucher un auditoire à moindre coût. Pour les grandes, la diffusion sur Internet permet à l’évidence d’atteindre les auditeurs hors des plages d’écoute traditionnelles. Une manne supplémentaire pour un secteur qui se porte de mieux en mieux en terme d’audience et pourtant quelque peu négligé par les annonceurs comparés aux autres médias classiques.
Une croissance continue depuis dix ans
L’audience générale des radios a enregistré une croissance continue depuis dix ans. Elle a recruté 5 millions de nouveaux auditeurs écoutant la radio un jour moyen de semaine et 800 000 auditeurs supplémentaires en quart d’heure moyen, selon les derniers résultats de Médiamétrie. Arnaud de Saint Roman, directeur du département radio de l’institut, observe dans une note de synthèse que l’écoute sur le lieu de travail a pris deux points de part d’audience en trois ans. Un phénomène qu’il attribue à la fois à l’augmentation de la population active ?” 800 000 actifs de plus entre 1998 et 2000 ?” et “à l’augmentation probable de l’équipement sur le lieu de travail, en particulier” avec “l’apparition de l’écoute de la radio sur Internet”. Une hypothèse qu’il étaye en observant le cas suédois où 32 % des internautes écoutent la radio au travail. Ce mode de consommation reste toutefois encore marginal.Toujours selon Médiamétrie, il ressort d’une étude menée en ligne en juillet dernier que si 4 % de la population ont déjà écouté la radio sur la Toile, pour l’immense majorité l’écoute reste occasionnelle. Mais les perspectives demeurent prometteuses, selon les activistes ?” prestataires techniques en tête. En premier lieu en raison de ses avantages techniques. La diffusion sur Internet de la radio reste peu gourmande en bande passante ?” de 20 kbit/s (bas débit) à 60 kbit/s (haut débit), donc particulièrement accessible pour le commun des internautes. Un avantage dont ne peut se prévaloir la diffusion télévisée sur le même mode de transport.
ComFM.com : 9,8 millions de pages vues
L’ex-patron de Fun Radio, Benoît Sillard (lire ci-dessous), l’a compris il y a trois ans comme beaucoup d’autres. Pressentant un mouvement de concentration, il s’est tourné dès le départ vers un partenaire industriel. En l’occurrence Télédiffusion de France (TDF), filiale de France Télécom incontournable en France sur le marché de la distribution hertzienne (télé et radio). Ensemble, ils ont créé TV-Radio.com qui offre à la fois une solution de streaming media clé en main et un portail d’accès au sites webcastés.Cette société, contrôlée par TDF, entre alors sur le terrain déjà labouré par un autre français, parti dix ans plus tôt, ComFM. Une différence tout de même entre les deux. ComFM.com fédère pas moins de 8 900 radios Internet et près de 1 000 sites télé, ce qui lui permet de générer, chaque mois, 9,8 millions de pages vues et 2,2 millions de visiteurs uniques. Un trésor de guerre qui attise aujourd’hui les convoitises de TV-Radio. Grâce à cette acquisition, TDF prendrait certes la première place européenne des portails d’accès aux médias TV. Mais, surtout, la filiale de France Télécom prendrait un belle option pour répliquer sur le web, la position de leader qu’elle détient sur l’hertzien.
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