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La quatrième couleur sur la TV, vrai gain ou argument marketing ?

Sharp vante les mérites de ses téléviseurs Quattron et de leur quatrième couleur primaire, le jaune. Mais le résultat est-il à la hauteur de la promesse ? Le 01Lab répond.

Vous vous demandez ce qu’une quatrième couleur peut apporter, en termes de qualité d’image, à un écran de téléviseur ? Au 01Lab, nous avons voulu en avoir le cœur net.

Qu’est-ce que la technologie Quattron ? Elle consiste tout simplement à ajouter une quatrième couleur (en l’occurrence, le jaune) aux trois primaires (rouge, vert, bleu) traditionnellement utilisées pour l’affichage des signaux vidéo sur les écrans LCD. Sharp a donc recouvert sa dalle d’un filtre à quatre couleurs (RVB + J). Sur le papier, l’idée semble assez intéressante car cette quatrième couleur, combinée à de nouveaux circuits intégrés, offre trois avantages majeurs.

Primo, elle permet d’élargir la gamme de couleurs en affichant, d’après Sharp, la quasi-totalité de celles qui sont perceptibles par l’œil humain. Le gain en précision serait net sur toutes les teintes dorées, les jaunes seraient plus vifs, les verts, mieux nuancés, et les bleus, plus fins.
Secundo, avec une quatrième couche de sous-pixels jaunes, l’image est censée gagner en finesse et en précision. Sharp nous en fait même la preuve : 4 x 1 920 x 1 080 = 8 294 400 sous-pixels. A comparer aux 6,2 millions et quelque de sous-pixels avec trois couleurs seulement. Mathématiquement, ça devrait être mieux.
Tertio, la présence du jaune rendrait l’image plus lumineuse grâce à une meilleure maîtrise du rétroéclairage par LED. Là, ce n’est pas très clair.

Quoi qu’il en soit, le tableau brossé par Sharp est bien alléchant. La pub TV vient d’ailleurs enfoncer le clou en offrant des comparaisons tonitruantes entre les téléviseurs RVB et les modèles Quattron de Sharp.

Un net avantage… sur les photos

Sauf que, une fois que l’on s’est installé devant le téléviseur en question, il faut vraiment avoir l’œil pour percevoir les améliorations apportées par cette quatrième couleur. A moins de passer ses soirées à regarder des mires et des photos… Ce que nous avons pourtant fait, dans un premier temps. Il est vrai qu’alors, en enchaînant les vues de champs de tournesols, les plans rapprochés d’insectes et les mires de calibrage, l’intensité du jaune, la chaleur des couleurs, la densité et la dynamique générales de l’image sautent aux yeux.

Les autres téléviseurs paraissent soudain bien fades. Et, effectivement, même en peaufinant les réglages du plasma Samsung et du LCD Sony que nous avions sous la main, il a été bien difficile, voire impossible, d’obtenir des jaunes aussi éclatants et des couleurs aussi dynamiques et nuancées que sur le modèle Sharp. Attention, cependant, les deux téléviseurs en question ne valaient pas la moitié du prix du Sharp. Mais il faut tout de même bien avouer que la technologie Quattron apporte un vrai plus dans les couleurs.

Un avantage moins net… pour les films et la télé

Le problème, c’est que ce qui se voit sur les mires, les photos et les plans fixes se remarque beaucoup moins dans les films et les images en mouvement. Excepté, il est vrai, avec les films d’animation numérique (du style Là-haut ou Dragons) ou des titres comme Avatar en Blu-ray ; dans ces cas-là, les couleurs sont, une fois de plus, explosives.

En revanche, avec tous les programmes TV standards (y compris la TNT HD), la majorité des DVD et la plupart des Blu-ray aux ambiances un peu plus sombres ou délicates à restituer (Le Seigneur des Anneaux, 300, etc.), le Quattron perd de sa splendeur, et l’image ne semble ni meilleure, ni plus précise ni mieux colorée que sur un autre téléviseur du même calibre. Les contrastes pèchent d’ailleurs toujours un peu (comme toujours sur les LCD), les scènes sombres se bouchent vite, et le niveau de précision tombe d’un cran. Là, on a beau triturer les options de calibrage, impossible d’améliorer la chose.

Verdict

Le Quattron a du bon. C’est certain. Il faudrait être aveugle pour ne pas le concéder. Le seul hic, c’est qu’en plein film on se fiche éperdument de savoir si la chevelure de Legolas est plus blonde que sur les autres téléviseurs du marché ou si les explosions de Man on Fire sont plus jaunes. En revanche, l’œil se rend bien compte qu’il ne perçoit aucun détail dans les scènes sombres et que l’image perd en précision dans les basses lumières. C’est toute l’ambiguïté de ce genre de technologie qui permet d’améliorer un élément de l’image sans corriger celui qui pose le plus de problèmes.

A lire également sur 01net.
Le test 01Lab du téléviseur Sharp LC-46LE925 à technologie Quattron

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Eric Le Ven