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La puce M3 Pro permettra-t-elle à Apple de conserver son avantage face à Intel et AMD ?

L’agrégation de plusieurs sources d’information permet de dresser un premier portrait du M3 Pro, la puce milieu de gamme de la prochaine génération d’ordinateurs d’Apple. Grâce à la gravure en 3 nm, Apple va pouvoir mettre plus de cœurs. La question étant de savoir si l’américain aura assez d’innovations technologiques pour maintenir son leadership.

La puce M3 Pro en gestation par Apple va-t-elle permettre à l’américain de relancer la machine des ventes d’ordinateurs ? Si la question dépendra du marché, la puce en elle-même commence à dévoiler certains de ses atours. Et un premier portrait-robot d’une puce de test a fuité sur le net et c’est le spécialiste Apple de Bloomberg qui le dresse : prévu pour fin 2023/début 2024, le processeur M3 Pro sera la première puce pour PC utilisant le tout nouveau node de fabrication N3 de chez TSMC, appelé souvent 3 nm*.

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Contrairement au 4nm (N4 et N4E) qui ne sont en fait que des améliorations du 5 nm, le node N3/3nm est une vraie étape de miniaturisation supplémentaire qui promet d’importants gains. Tant sur la densité de transistors au mm², que sur la consommation énergétique ou la montée en fréquences. Et ce gain d’espace et d’énergie qu’apporte cette nouvelle méthode de fabrication, Apple semble s’en être emparé pour effectuer un premier pas logique : augmenter le nombre de cœurs.

Dans son travail de compilation de données, Mark Gurman décrit une première puce, pas forcément finale, qu’il compare aux précédents M1 Pro et M2 Pro. Outre le caractère informel de l’information qui a filtré par une petite fuite de données de l’AppStore, il faut aussi rappeler qu’Apple décline ses puces en plusieurs modèles. La compilation et comparaison est donc pour l’heure théorique. Ce d’autant plus que nous n’avons pas idée des évolutions de fréquences.

Nombre de cœurs CPU Nombre de cœurs GPU Mémoire vive intégrée (Go)
M1 Pro (oct. 2021) 8 14 32
M2 Pro (jan. 2023) 10 16 32
M3 Pro (proto, en test) 12 18 36

On découvre que la future puce utilise les mm² libérés pour ajouter des cœurs. Des cœurs CPU comme GPU : selon les informations, deux nouveaux cœurs CPU basse consommation viendront faire passer l’équation M2 Pro actuelle de 6/4 cœurs (hautes perfs/basse conso) à une configuration à 6/6 (12 cœurs). Le nombre de cœurs GPU passera, lui, de 16 à 18 unités. Sans plus de détails quant à un éventuel changement d’architecture d’un côté comme de l’autre. Et sans précisions non plus sur le nombre de cœurs NPU, un des sous-éléments des puces qui a le vent en poupe ces dernières années puisque ce sont ces unités qui sont les plus efficaces pour exécuter les algorithmes dits « IA » (reconnaissance de voix ou de visages, filtres d’images, etc.).

* : dans les faits, peu d’éléments de la puce sont vraiment 3 nm !

Pas de surenchère à la mémoire

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Dans les puces Apple M, les modules de RAM sont soudés non pas sur la carte mère, mais directement sur le support même du processeur. / CC0 1.0 Universal (Henriok, Wikimedia)

Alors que les deux premières générations de puces « Pro » embarquaient jusqu’à 32 Go de RAM maximum, Apple consentirait à une légère augmentation de 10% de mémoire en la faisant passer à 36 Go. Un saut qui semble marquer la prudence habituelle d’Apple qui gère assez souvent ses innovations en petits sauts itératifs – ce qui est parfois très frustrant, il faut le reconnaître.

Lire aussi : Si TSMC domine Samsung, c’est aussi (et surtout) grâce à ses rendements fous (janvier 2023)

C’est, mine de rien, du côté de cette mémoire que nous allons nous concentrer lors du lancement de ces futures générations de puces, notamment dans la version « classique ». Alors que le M2 Pro embarque entre 16 et 32 Go de RAM, le M2 commence à 8 Go. Une quantité de mémoire qui est rapidement limitante, même dans le cas d’une simple navigation web avec de très nombreux onglets ouverts. Sur le papier, il paraîtrait logique qu’Apple maintienne sa conception actuelle, à savoir une mémoire unifiée que se partagent à la fois le CPU, le GPU et le NPU. Et greffée directement à même le support processeur, cette grande proximité amélioration notablement les vitesses de transfert des informations – mais rend toute évolution de mémoire à postériori complètement impossible.

L’iMac ira directement en case M3

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© Lionel MORILLON / 01net.com

La génération de puces M3/M3 Pro devrait arriver d’ici à 6 à 12 mois pour être intégrée dans différentes machines. Outre les classiques MacBook /MacBook Pro et MacBook Air (dont une version 15 pouces en M2 devrait bientôt voir le jour), on devrait aussi avoir droit à une nouvelle version de l’iMac. Une machine laissée en jachère depuis son lancement en mai 2021, soit il y a déjà deux ans !

Lire aussi : Test de l’iMac M1 : le tout-en-un d’Apple qu’on n’osait plus espérer (mai 2021)

Cet ordinateur très grand public devrait donc entièrement sauter la génération des puces M2, pour profiter directement des puces M3. Et s’y cantonner : selon M. Gurman, la machine familiale d’Apple se contentera de ce niveau de performances et ne devrait pas glisser vers la gamme « Pro ». Espérons cependant qu’Apple fasse évoluer la taille de l’écran, les 24 pouces de « l’époque » ayant déjà été décriés.

Apple va-t-il conserver l’avantage des performances ?

 

Le M1 a été un petit séisme technologique. Si l’efficacité du jeu d’instruction ARM a été bien trop souvent mis en avant à l’époque, la réalité est que le gros du saut de performances ne provenait pas tant de la microarchitecture. C’était surtout le node de fabrication (5 nm quand Intel était bloqué à 14 nm+++ voire du 10 nm balbutiant), l’intégration d’un GPU puissant et ce système de mémoire unifiée (et à proximité de la puce) qui étaient les plus gros responsables de la « fessée » qu’Apple a donné à Intel et, dans une moindre mesure, AMD.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et le déploiement du node Intel 7 et l’arrivée prochaine du node Intel 4 avec nouvelle architecture GPU et conception en chiplets (ou architecture désagrégée dans le jargon d’Intel) ont largement de quoi réduire des écarts que la nouvelle gravure N3 devrait procurer. Du côté d’AMD, ses puces récentes comme les Ryzen 6800U l’an dernier ou la toute nouvelle puce Ryzen Z1 Extreme de la ROG Ally rétablissent l’équilibre.

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Si les puces d’Apple affichent d’excellentes performances dans les mesures de performances et les applis professionnelles, dans les faits, les GPU intégrés, notamment mobiles, d’AMD sont non seulement suffisamment performants dans ces deux domaines. Mais ils sont surtout très performants et totalement compatibles dans le gaming. Finalement, après la première correction du M1, AMD et Intel ont recommencé à revoir en profondeur leur processeurs multimédia chargé du décodage et de l’encodage vidéo. Si Apple semble toujours avoir l’avantage, les écarts sont déjà très réduits avec les puces Intel et AMD les plus récentes.

 

Au final, nous attendons de pied ferme cette génération M3 et M3 Pro pour voir quels seront les arguments d’Apple pour continuer à proposer des machines aussi chères. Après avoir vu un effondrement de ses ventes de Mac, la forme doit redresser la barre. Or, si la génération M1 avait des atouts pour faire basculer les utilisateurs, la récession assez généralisée dans le monde, l’explosion des prix Apple et la réduction des écarts de performances avec Intel et AMD sont des arguments pour maintenir, voire faire revenir les utilisateurs (notamment les moins fortunés) vers le monde du PC.

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Source : Bloomberg