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La protection des droits privés devient une priorité

Les internautes américains se préoccupent de plus en plus du respect de leur vie privée. De nombreuses sociétés ont réagi en nommant des ” Chief Privacy Officers ” dont Microsoft ou IBM en novembre. Les législateurs américains devraient se pencher sur la question en 2001.

Selon une étude du Gallup Poll News Service, 60 % des Américains pensent que le fait d’être répertoriés dans des bases de données en ligne est une menace pour leurs droits privés. Selon une autre étude publiée par le Pew Internet & American Life Project, 94 % des internautes américains estiment que les compagnies qui ne respectent pas leur vie privée devraient recevoir des sanctions. Ni l’industrie, qui a tout intérêt à lever les réticences contre le commerce électronique, ni les législateurs ne pouvaient ignorer ces mouvements d’opinion.

IBM nomme un responsable des données personnelles

La nomination en novembre d’une Chief Privacy Officer (CPO), responsable du respect des données personnelles chez IBM a été perçue comme un geste dans la bonne direction. ” Dès les années soixante, IBM a fait beaucoup pour protéger la vie privée de ses employés. Depuis l’émergence d’Internet, nous avons pris des mesures pour protéger les internautes. Par exemple, nous avons été le premier annonceur à refuser de placer de la publicité sur des sites ne publiant pas de “privacy statement”. Nommer un Chief Privacy Officer est une étape supplémentaire “, explique Harriet Pearson qui est en train de mettre en place son équipe pour coordonner les efforts d’IBM en interne, et en externe auprès des consommateurs, des partenaires et du gouvernement.

60 % des grands comptes disposent de Chief Privacy Officer

” C’est une question très complexe. Il n’est pas suffisant de passer des lois. Il faut aussi des sociétés qui assument leurs responsabilités et des consommateurs informés “, résume Harriet Pearson, qui est basée à Washington.Selon Bill Malik, vice-président et directeur de recherche au Gartner Group, environ 1 % des 2 000 plus grosses multinationales ont aujourd’hui un CPO. Mais la tendance devrait s’accélérer dans les mois à venir. ” Toutes les multinationales feraient bien de s’inspirer des règles de la European Data Privacy Directive, qui protègent le consommateur contre l’utilisation des données personnelles. Sinon on pourrait voir des arrestations de cadres étrangers à la descente de l’avion en Europe “, prévient Bill Malik qui pense que les sociétés doivent prendre très au sérieux la protection du consommateur.

Le Congrès s’intéressera à la question dès la rentrée de janvier

” Le respect des droits privés sera une des priorités du nouveau Congrès. Le rôle du gouvernement devrait être renforcé “, prédit Connie Correll du Information Technology Industry Council, une association implantée à Washington qui défend les intérêts d’une trentaine des plus grosses sociétés high-tech dont IBM, Microsoft et AOL.

” Nous voulons que les consommateurs soient protégés, mais il ne faudrait pas que les lois entravent l’industrie et le commerce électronique
. “De son côté, David Sobel, conseiller juridique au Electronic Privacy Information Center, réclame des lois pour protéger les internautes. ” On ne peut pas demander aux internautes d’apprendre à se protéger seuls contre une technologie de plus en plus complexe. Il faut de nouvelles lois. “Concernant les CPO, David Sobel reste sceptique :” il faut regarder le business model de ces sociétés. Si ce sont des sociétés dont le but est de collecter des informations comme DoubleClick, il y a peu de chance que le poste soit autre chose qu’un effet de relations publiques. “

DoubleClick subissait l’an dernier un feu nourri de critiques

DoubleClick est pour beaucoup dans l’inquiétude grandissante des internautes américains. L’année dernière, la société spécialisée dans la publicité en ligne avait provoqué la fureur des associations de consommateurs en annonçant le rachat d’Abacus Direct, un éditeur de catalogues. Les défenseurs des consommateurs craignaient des excès dans le partage des bases de données entre les deux compagnies (le projet de fusion de ces informations a depuis été suspendu).Dans le même temps, une consommatrice californienne attaquait DoubleClick en justice accusant la compagnie d’utiliser les cookies de façon illégale. Au printemps, DoubleClick a réagi en nommant un Privacy Advisory Board composé de nombreuses personnalités dont Harriet Pearson et un CPO en la personne de Jules Polonetsky.” Parmi les mesures que j’ai prises, je citerai l’obligation pour nos clients de poster un ” privacy statement ” et de créer un lien vers le nôtre, l’interdiction de nous communiquer les données personnelles de leurs clients ou encore l’obligation d’obtenir la permission d’envoyer un courrier électronique promotionnel “, explique le CPO de DoubleClick. Parallèlement, l’entreprise mettait en place un site spécialisé baptisé Privacy Choices.Enfin, un consortium de publicitaires en ligne, dont il fait partie, vient également d’élaborer un code de conduite en collaboration avec le Federal Trade Commission. ” Internet est un nouveau médium et nous apprenons à interagir de façon différente avec les consommateurs “, explique Jules Polonetsky pour minimiser la controverse autour de DoubleClick.

Microsoft a aussi son CPO

Depuis janvier dernier, Richard Purcell occupe le poste de Director of Corporate Privacy chez Microsoft. Son rôle est d’assurer ” la protection et l’intégrité des données des clients en leur donnant un grand contrôle sur leurs informations personnelles grâce à la mise en place de procédures et de technologies protégeant la vie privée. “A titre d’exemple, tout nouvel employé chez Microsoft reçoit une formation sur la question, et une privacy task force représentant tous les départements de la compagnie se réunit régulièrement.En réponse aux demandes des utilisateurs, Richard Purcell affirme qu’Internet Explorer 5.5 leur permet maintenant de mieux gérer les cookies. Mais David Sobel d’EPIC n’hésite pas à critiquer le système. ” Il y a eu des problèmes depuis sa nomination. Ils ne sont pas parfaits.
Le dialogue entre les consommateurs et les sociétés ne fait que commencer…

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Isabelle Boucq