Nouvelles technologies et accélération de la productivité sont-elles intimement liées ? La corrélation apparente aux États-Unis entre le taux de croissance de la productivité du travail et celui des investissements en technologies de l’information et de la communication plaidait pour une réponse positive (voir tableau ci-dessous). Une conclusion un peu hâtive, pour le McKinsey Global Institute(*). Sa dernière étude, Croissance de la productivité américaine 1995-1999, déconnecte les deux phénomènes.
Six secteurs moteurs
Premier constat : le sursaut de la productivité américaine depuis 1995 tient à la performance de six secteurs seulement, sur les 59 étudiés. Soit, par ordre décroissant de contribution, le commerce de gros, de détail (restauration incluse), le courtage en valeurs mobilières, les semi-conducteurs, la construction d’ordinateurs et les télécoms. Un acteur dominant a généralement servi de catalyseur ?” Walmart dans la distribution, Intel dans les semi-conducteurs ?”, le niveau élevé de la concurrence dans ces secteurs expliquant la diffusion rapide de l’innovation.Mais la technologie n’est qu’un facteur parmi d’autres. Les performances du commerce de gros et de détail, qui ont contribué à 0,7 % de la croissance de la productivité, tiennent à l’amélioration de la gestion opérationnelle, notamment celle des entrepôts. Et si l’innovation va dans le sens de l’automatisation, elle ne repose pas exclusivement sur les nouvelles technologies.Le rapport entre technologies de l’information et productivité devient encore moins évident dans les secteurs dont la productivité n’a pas bondi. Le secteur hôtelier et la banque de détail ont, par exemple, investi massivement dans les nouvelles technologies, collectant des masses de données sur leurs clients. Mais l’impact de leur stratégie de gestion de la relation client reste incertain.
Pas de catastrophisme
McKinsey finit par se demander si la récession, qui semble imminente, pourrait avoir un impact sur la productivité. L’accélération de cette dernière ne devrait pas se maintenir à 100 %. Mais l’heure n’est pas pour autant au catastrophisme. Certains secteurs sont toutefois susceptibles de “bondir”, en raison d’innovations, tels les médias et les logiciels, ou de changements de la réglementation, notamment en termes de concurrence, comme dans l’assurance, la distribution d’énergie ou la santé.(*) ” Croissance de la productivité américaine 1995-1999 “. Téléchargeable en anglais sur www.mckinsey.com/knowledge/mgi/feature/index.asp.
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