Les nouveaux clients se font rares, les coûts augmentent et le Neuer Markt, ” petit frère ” du Nasdaq américain, n’est toujours pas remis de ses scandales. Résultat: la pression monte chez les courtiers en ligne allemands, où les fusions, les cessions et les faillites menacent.Après une période d’hésitation, les maisons mère ont décidé de ne plus financer leurs activités de courtage en ligne à fonds perdus. Lorsqu’elles n’augmentent pas leurs frais de transactions, elles cherchent des partenaires ou des repreneurs pour sauver leur filiale déficitaire.” Tout le monde parle avec tout le monde “, résument les analystes de la place financière allemande. L’expansion internationale subit notamment un coup d’arrêt brutal parmi les plus grands.
Comdirect fait marche arrière
Comdirect, filiale la Commerzbank, fait notamment marche arrière en fermant ses filiales française et italienne. Une décision attendue depuis longtemps et justifiée par des objectifs non atteints. Les deux filiales de Comdirect constituaient les sources de pertes les plus importantes du courtier en ligne.Selon plusieurs analystes, Comdirect aurait moins de 3 500 dépôts en France et tout juste 190 en Italie… Bernt Weber, le patron de Comdirect, a l’intention de se concentrer désormais sur l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Il estime que les activités d’outre-Manche seront rentables ” dans un proche avenir “.” Nous comptons sur des bénéfices en 2002 “, explique-il. Malgré ses difficultés et la concurrence agressive dans la branche, Comdirect a réussi à gagner 12
800 nouveaux clients au troisième trimestre et affirme ainsi sa place de leader en Allemagne avec 644 000 comptes.Par ailleurs, les pertes au troisième trimestre sont moins importantes que prévues. La perte nette s’élève à 9,59 millions d’euros (contre 18,75 millions d’euros au deuxième trimestre). Les analystes misaient sur plus de 14 millions…
Personne ne veut de Consors
En revanche, l’avenir de Consors reste très incertain. Le courtier en ligne, qu’on disait intouchable il y a encore quelques mois, fait actuellement l’objet de toutes les spéculations. Sa maison mère, la SchmidtBank, qui vient d’éviter de justesse la faillite le week-end dernier, cherche d’urgence un repreneur pour sa filiale au bord du gouffre. Consors table en effet sur une perte de près de 80 millions d’euros en 2001.Tous les efforts de la SchmidtBank sont jusqu’à présent restés vains. Apparemment, personne n’en veut… On a évoqué un moment la possibilité d’un rapprochement avec DAB, la filiale de HypoVereinsbank. Selon la presse allemande, la grande banque bavaroise aurait jugé l’opération trop risquée. On a parlé également d’une fusion avec Comdirect, la filiale de la Commerzbank qui est tombée dans le rouge au troisième trimestre.Pour faire face à la crise, les courtiers en ligne ont pris des mesures de réduction des coûts ces derniers mois. Ils dépensaient des fortunes, notamment en marketing, offrant parfois jusqu’à 1000 euros pour convaincre un nouveau client ! De son côté, DAB n’a pas hésité à augmenter certains frais le 15 octobre dernier, notamment sur les petites transactions. La filiale de HypoVereinsbank est la seule banque à avoir fait ce pas pour l’instant.
Tous les coups sont permis
Une mesure que Consors a immédiatement exploité pour lancer une ultime campagne publicitaire dans la presse spécialisée : ” Cher client de DAB, votre banque vous propose un nouveau tarif. Et vous, vous avez une raison de plus de changer de banque“…Cela montre à quel point la concurrence reste agressive outre-Rhin, malgré la crise. Le marché allemand reste en effet très intéressant. Il concentre à lui seul la moitié des porteurs d’actions en Europe qui effectuent leurs opérations en ligne…A côté des trois grands (Comdirect, DAB et Consors), une pléthore non négligeable de petits concurrents sont eux aussi sur le marché (Maxblue, Postbank Easytrade, S-Brocker, SEB-Invest et Entrium). De plus, en plein milieu de la crise, le numéro deux américain, E-Trade, n’a pas hésité à lancer une filiale allemande le 8 novembre dernier.” Notre objectif est d’être profitable dans les deux ans et de faire partie des leaders sur le marché “, a promis Torsten Zibell, le président de la filiale allemande. L’homme a du courage. Alors que les trois principaux acteurs allemands enregistrent des pertes faramineuses, les étrangers jettent l’éponge l’un après l’autre.En juillet dernier, c’était le tour du finlandais EQ-Online qui fermait ses bureaux à Francfort. Plus récemment, HSBC et Merrill Linch ont dû mettre fin à leur joint-venture.
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