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La presse déprime, l’internaute paiera

Les sites Web des groupes de presse voient leurs recettes publicitaires fondre. Que font leurs dirigeants ? Ils se cantonnent à une analyse économique. Pourtant, la complémentarité des médias est réelle.

Il ne faudrait jamais quitter son bureau. Plus que la perte du ciel bleu, des flots et du farniente, c’est ce que l’on y trouve au retour qui désole. Deux semaines suffisent à engorger boîtes aux lettres et répondeurs. Leur fouille, ?”uvre archéologique en soi, met au jour des messages urgents périmés, des informations essentielles rancies. Bonheur ! Certaines sollicitent encore l’attention, éveillent toujours la curiosité.Ainsi la déprime des entreprises de presse qui ont investi le web. Les affres vécues par le site de Libération en sont l’exemple le plus récent. Et ce ne sont pas les affirmations de Jean-Marie Colombani, président du directoire de la SA Le Monde, qui rassurent lorsqu’il répond à la question ” Votre stratégie Internet est toujours prioritaire ? “.Ces grands noms de la presse écrite ?” j’ai cité ici des journaux français mais la gueule de bois est mondiale ?” sont tous allés sur le Web “parce que c’est un mal nécessaire”, selon les mots d’un dirigeant de Libération. Quelle meilleure manière de vouer à l’échec toute tentative de déploiement en ligne ? Plutôt que de penser la complémentarité entre les médias, papier d’un côté, écran interactif de l’autre, les stratèges des groupes de presse ont instillé un poison mortel : la concurrence au sein même de leur rédaction.Mais ce poison ne suffisait pas pour garantir la quasi mort économique des sites d’information. Les mêmes stratèges ont préféré le décalque du modèle d’affaires de la radio ou de la télévision ?” la publicité finance tout ?” plutôt que l’invention d’un modèle adapté à ce nouveau média.Confrontés à l’échec de leur stratégie on line, les groupes de presse persistent à raisonner sous l’angle strict de l’économique : comment faire payer l’internaute-lecteur, sacré nom ? Les stratèges sont en mal d’imagination ? Les conseils abondent pour rentabiliser leurs investissements. Ceux qui ne veulent pas se remettre en cause, du moins pas publiquement, iront écouter des gourous comme ceux qui animeront le forum Internet payant : que facturer, à qui, comment… Les plus pressés, à condition qu’ils soient anglophones, ont une solution toute trouvée. Faire leur l’approche ironique de The Register : l’information ne paie pas ? Vendons toutes les ressources de la rédaction à qui veut des articles complaisants.Ceux prêts à en découdre avec leurs investisseurs pour obtenir de nouveaux financements chercheront à comprendre la réussite d’El Mundo. Ce quotidien européen est le seul à avoir su construire un site rentable qui profite aussi au journal. El Mundo cherche à construire le journalisme de demain, celui qui tire parti des ressources du Web pour compléter linformation diffusée sur le papier. Sa consommation est un véritable antidépresseur, foi de journaliste !

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Michaël Thévenet