Il y a des gestes qui ne trompent pas. Tenez, l’autre jour, à la rédaction, Julie effectue la distribution de fournitures. Et que pose-t-elle sur nos bureaux, avec les feutres orange fluo et le bloc-notes petits carreaux sans marge ? Un dévidoir à auto-collants.
Moi, avant la révolution internet, j’ignorais complètement à quoi pouvait servir un dévidoir à auto-collants. L’objet est aussi pratique qu’une boîte de mouchoirs et constitue une prodigieuse innovation technologique. En effet, quel cadre moderne pourrait aujourd’hui se passer de tous ces bouts de pansements fluo ?
Prenez par exemple ma voisine Emmanuelle, une techno manager : sur son bureau, un ordinateur bourré de mémoire synchronisé à son Palm, lui-même relié à sa messagerie, qui elle-même peut (les bons jours) se télécharger par infrarouge sur son mobile. Pourtant, ce matin, j’ai compté quatorze mémos sur son PC, deux sur son Palm et trois anciens sur la moquette. Bref, ils collent au bureau comme les pique-b?”ufs sur le dos des rhinocéros.
Vous vous moquez ? Faut pas. Que faites-vous, par exemple, quand un copain vous appelle comme ça, à l’improviste : ” Tiens, au fait, j’ai un nouveau numéro de portable, tu notes ? “ Vous pouvez évidemment dégainer votre Palm de la main gauche, le stylet de la droite et, le combiné coincé sous le menton, tracer les 10 chiffres SFR de votre camarade en écriture graffiti. Temps total : minimum trois minutes.
Deuxième solution : vous raccrochez et vous entrez vite le numéro de votre pote sur votre nouveau mobile Motorola Triband, SFR Pro. Là, il faut taper 12 touches pour arriver à mettre le numéro en mémoire et, encore, à condition d’avoir commencé très jeune à jouer à la PlayStation. Sinon, c’est 48. Et entre-temps vous avez oublié le numéro.
Vous finissez donc par prendre un Post-it dans le dévidoir, vous notez le téléphone du copain à la main, et vous collez le tout sur votre Palm. Le pire, c’est qu’à la maison le copier-coller continue. Lundi, vous faites vos courses sur ooshop.fr, zéro papier, zéro stress.
Manque de bol : le pain de mie Harry’s est indisponible et le sel de machine aussi. Et hop, vous collez un Post-it sur le frigo.
Mardi, vous voulez programmer le foot sur votre nouveau magnétoscope numérique. Soit vous vous plongez dans la notice de 50 pages en 14 langues pour savoir comment faire, soit vous téléphonez à un copain chez Canal Plus et vous notez la man?”uvre sur un Post-it piqué au bureau.
Samedi, enfin, le bouquet. “Chérie, on part dîner chez les Bogard ; t’as l’adresse et tu peux laisser leur numéro de téléphone à la baby-sitter ? ” Là, si vous n’avez pas le vieil agenda papier et l’adhésif fluo sous la main, vous êtes bon pour lancer Windows et ouvrir Outlook Express, ce qui vous prendra au moins dix minutes et vous expose à une petite scène de ménage dans l’ascenseur.
Le Post-it, donc, sauve des soirées, des réunions, des rendez-vous. Et plus l’informatique progresse, plus il prolifère. 3M, la société qui le fabrique, en vend 400 références, en 30 couleurs différentes, avec des versions “mini“, “pomme“, “sapin de Noël” ou “c?”ur” pour coller un mot doux sur l’oreiller les matins où vous partez tôt.
L’an dernier, tous ces petits papiers mis bout à bout auraient permis, dixit 3M, de faire 250 fois le tour de la terre. Neuf millions de kilomètres de Post-it, des roses, des verts, des jaunes, des pommes et des c?”urs, ce n’est pas la Technoparade, c’est la parade des auto-adhésifs.
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