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La Planète des Méninges

Finalement, il existe deux sortes de managers : ceux qui gèrent des gens et ceux qui gèrent des chiffres. Apparemment, ils ont beaucoup de mal à…

Finalement, il existe deux sortes de managers : ceux qui gèrent des gens et ceux qui gèrent des chiffres. Apparemment, ils ont beaucoup de mal à communiquer entre eux. Vous êtes un patron de terrain avec des équipes soudées, vous bossez tous comme des fous, mais la conjoncture n’est pas terrible : et pan, les hommes en noir, les comptables, débarquent et vous expliquent ?” souvent en anglais ?” que vous n’avez pas fait ce qu’il fallait et que vous auriez intérêt à réagir rapidement, sinon… Et vous voilà affolé comme un petit garçon pris la main dans le sac de billes du voisin. Tel Jospin après le premier tour de la présidentielle, vous vous demandez ce qui a bien pu clocher chez vous pour mériter tant d’injustice. Après des années de longues recherches, je crois pouvoir vous donner la réponse : ces men in black viennent de la Planète des Méninges. On les reconnaît à l’immense calculette qu’ils portent en bandoulière et qu’ils dégainent plus vite que Lucky Luke son revolver. À la différence des gens normaux, ils sont dotés d’un cerveau hypertrophié qui peut compter le nombre d’allumettes sorties de la boîte avant même qu’elles ne tombent par terre. En revanche, la plupart des caractéristiques des humains ?” l’humour, l’affectivité, la sensibilité, la finesse, bref tout ce qui fait le sel du relationnel sur notre planète ?” leur font défaut. Alors, pour les amadouer, voici mes conseils : trafiquez votre calculette pour qu’elle sorte des résultats différents des leurs (ça va les étonner, ce qui vous fera gagner du temps), ne riez pas, ne dites jamais la vérité, changez d’avis le plus souvent possible, truffez votre prose dexpressions anglo-saxonnes, portez un pantalon avec bretelles, jouez au golf et, surtout, parce que tout le monde est coupable de quelque chose, mettez-leur des détectives privés aux fesses pour glaner de quoi négocier le jour où vous devrez partir. Parce que cette sortie-là, malheureusement, est inéluctable. Allez, bon courage !

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La rédaction