Tel le cheval de Troie, Instinet a été pour la première fois coté au Nasdaq vendredi dernier. Situation on ne peut plus paradoxale quand on sait que la filiale de l’agence de presse britannique Reuters a pour objectif affiché de détourner une partie des transactions effectuées sur les places de marchés financiers traditionnels, et tout particulièrement, le Nasdaq.Contrairement au Nasdaq ou NYSE (New York Stock Exchange), les réseaux d’échanges électroniques boursiers (ECN) permettent en effet de transiger durant les heures de fermetures des Bourses traditionnelles. Au passage, ces Bourses alternatives promettent d’importantes économies (au moins 3 milliards de dollars par an) aux sociétés de courtage utilisant leurs services.Fondée en 1969, puis tombée dans l’escarcelle de Reuters en 1987, Instinet revendique le leadership parmi les ECN. Cette Bourse alternative couvre d’ores et déjà une quarantaine de marchés mondiaux. Elle est à l’origine de 14 % des transactions effectuées sur le Nasdaq.Au premier trimestre 2001, Instinet a généré un volume d’affaires de 415,5 millions de dollars (474,3 millions d’euros), pour un bénéfice net de 50,1 millions de dollars (57,2 millions d’euros).
Les petits porteurs en ligne de mire
Il n’en fallait pas plus pour susciter l’enthousiasme des investisseurs qui ont porté le cours de l’action Instinet à 17,65 dollars en clôture, contre les 14,5 dollars du prix d’introduction.Au total, Instinet a levé 434,7 millions de dollars (496,9 millions de dollars), ce qui valorise la société à 4,2 milliards de dollars (4,8 milliards d’euros) contre une estimation initiale de 3,5 milliards de dollars (4 milliards d’euros). De son côté, Reuters conserve 87,5 % du capital.Premier ECN à s’introduire en Bourse, Instinet utilisera les fonds collectés pour rembourser un prêt de 200 millions de dollars contractés auprès de Reuters. Dans un second temps, la place de marché a l’intention de partir à la conquête des petits porteurs, soit directement, soit par l’intermédiaire des courtiers en ligne, comme par exemple, ProTrader racheté 150 millions de dollars (171,3 millions d’euros) par d’Instinet, vendredi dernier, le 18 mai.Les changements récents opérés par le NYSE, qui permet désormais de transiger hors séance, et les enquêtes des autorités de régulation américaines (SEC et NASD) sur la politique tarifaire des ECN, pourraient toutefois freiner l’essor dInstinet.
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