Le très peu moral PAM (Policy Analysis Market) va rejoindre les poubelles de l’histoire. Mis au point par des chercheurs du ministère de la Défense américain, il était censé donner une meilleure visibilité du monde
à l’administration US en jaugeant la probabilité d’événements potentiels comme le meurtre de Yasser Arafat début 2004 ou une agression de missiles nord-coréens fin 2003. Ce service en ligne construit comme une place de marché à destination de
spéculateurs financiers n’a trouvé aucun soutien dans la classe politique américaine.PAM utilise des futures, des contrats obligeant à acheter un produit ou une action à une date future et fixée à un prix spécifié. En fonction de l’idée qu’ils se font de la valeur à terme de ce bien, les
investisseurs peuvent alors sur ou sous-enchérir sur ces contrats. Mais, une fois arrivées à échéance, les futures PAM ne rapportent rien puisqu’elles ne s’appuient pas sur des produits mais sur des évènements qui peuvent
même ne jamais se produire.
Deux parlementaires démocrates obtiennent l’annulation du projet
De fait, les investisseurs gagneraient de l’argent en se vendant et revendant leurs contrats. En théorie, la phase de test aurait dû commencer le 1er août avec un début des transactions prévu pour le
1er octobre.Pour les chercheurs, l’intérêt de ce projet repose avant tout dans les ‘ contrats croisés ‘. Par exemple en combinant un contrat sur la reconnaissance américaine de la Palestine et un autre
sur le renversement du roi de Jordanie se concluant à la même date. Un spécialiste de la diplomatie US connaissant peu la Jordanie peut ainsi prendre un risque sur le second contrat, pour lequel il n’a pas d’informations, en couvrant ses arrières
financiers grâce au premier contrat pour lequel il détient des informations sûres.La valeur de ces contrats croisés donnerait alors une bonne idée de la probabilité que ces évènements surviennent ensemble, puisque des spécialistes des deux questions y auraient participé. Pour vérifier cette théorie, le ministère de
la Défense a dépensé 650 000 dollars. Et réclamait 8 millions supplémentaires. Pour récolter un scandale.Selon la presse d’outre-Atlantique, deux parlementaires démocrates prévenus de cette initiative sont montés au créneau pour demander son annulation. Suivis par l’ensemble de la classe politique américaine, guère enthousiasmée à l’idée
de financer un service en ligne de boursicotage sur des attaques nucléaires, des assassinats politiques et autres révolutions. Confirmation dune porte-parole du ministère de la Défense : ‘ nous menons de nombreux projets
de recherche intéressants, inhabituels et, dans certains cas, par exemple celui-ci, qui se révèlent sans valeur. ‘
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