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La photographie en 3D

Vous n’y échapperez pas. La majorité des appareils photo numériques qui sortiront cette année intégreront un dispositif de prise de vue en 3D. Le bon moment pour faire le point sur les trois technologies qui se disputent ce nouveau marché.

C’est la grande tendance du moment. Fuji, Panasonic et Sony ont lancé, à quelques mois d’intervalle, leur solution de photographie 3D numérique. Si les technologies utilisées sont radicalement nouvelles, le principe de la photo en relief ne l’est pas, loin de là. Les premières expérimentations de photographie stéréoscopique remontent aux années 1840. Le procédé est alors très simple. Le photographe prend une première photo, puis une autre, après avoir déplacé latéralement l’appareil de manière à obtenir un angle de vue légèrement différent de la même scène. Des appareils à double objectif vont rapidement apparaître, permettant de prendre les deux photos simultanément. Une fois le tirage effectué, sur papier ou sur plaque de verre, il suffit de regarder la photo de gauche avec l’œil gauche et celle de droite avec l’œil droit, au moyen de lorgnons ou d’un stéréoscope. Le procédé va connaître un immense succès, jusqu’au premier quart du XXe siècle. Le Stéréo-Club français, créé en 1903, et toujours en activité aujourd’hui, rassemble alors des centaines de passionnés. Pourtant, la photographie stéréoscopique va rapidement décliner, pour disparaître presque totalement peu après la Seconde Guerre mondiale… avant de connaître en 2010 un retour aussi fulgurant qu’inattendu.

Fuji et Panasonic…

Mais cette fois, ce ne sont pas une mais trois technologies de photo 3D qui sont proposées par les constructeurs. La solution de Fujifilm s’inspire du concept des premiers appareils photo stéréoscopiques. Le compact FinePix Real 3D W3 lancé récemment intègre deux objectifs dont l’écartement correspond à l’espace entre nos deux yeux, exploitant ainsi le phénomène de parallaxe. Deux objectifs mais aussi deux capteurs, un peu comme s’il s’agissait de deux appareils numériques accolés. Lors de la pression du déclencheur, deux photos sont prises simultanément. Le processeur Real Photo 3DHD fusionne alors les images droite et gauche et calcule automatiquement la parallaxe optimale en fonction de la prise de vue (paysage, portrait). L’utilisateur peut visualiser immédiatement le rendu 3D. En effet, le compact intègre un écran auto-stéréoscopique qui fonctionne grâce à la technologie de barrière de parallaxe : les deux images sont affichées simultanément, mais avec un léger décalage. Un filtre composé de “ barrières ” verticales dirige l’image de gauche vers l’œil gauche et l’image de droite vers l’œil droit. La sensation de relief est alors bien notable, à condition toutefois de regarder l’écran exactement de face et à une distance bien précise. Pour les partager par la suite, trois solutions : soit utiliser un écran ou un téléviseur compatible 3D et des lunettes actives, soit investir dans un cadre photo 3D adoptant la même technologie que l’écran de l’appareil, soit enfin les imprimer sur papier, via le site Fujifilm Real 3D. Là non plus, pas besoin de lunettes pour profiter du relief, mais d’importantes contraintes (la technologie ne fonctionne pas si le sujet est trop éloigné, s’il s’agit d’une photo de nuit, ou de groupe, ou encore si l’image est trop détaillée). À noter que, bien que l’appareil soit conçu pour la photo 3D, il est aussi possible de photographier en 2D.Panasonic propose une approche semblable à celle de Fujifilm, tout au moins d’un point de vue optique. La solution retenue consiste en un bloc optique comprenant un double objectif, adaptable sur les compacts à objectifs interchangeables à monture micro 4/3 Lumix G2 et GH2. Mais contrairement au système de Fujifilm, les deux photos, prises à des angles différents, sont dirigées vers un unique capteur. L’image de gauche occupe la partie gauche du capteur et l’image de droite, la partie droite. Le logiciel interne se charge ensuite de traiter indépendamment chaque cliché, puis de les fusionner pour créer un fichier unique au format MPO qui sera visible sur un écran 3D à l’aide de lunettes actives. La définition des images 3D générées de cette manière n’excède pas 3 mégapixels, contre 10 pour le Finepix W3.

… contre Sony et son panoramique

Dernière technologie, le panoramique 3D par balayage, adopté par Sony. Cette fois, pas de double objectif, mais une idée à la fois pratique et astucieuse qui a le mérite de pouvoir être adaptée à n’importe quel compact disposant d’un mode rafale.Le photographe maintient le déclencheur tout en pivotant lentement sur lui-même de gauche à droite. Durant ces quelques secondes, l’appareil prend plusieurs dizaines de photos sous quinze angles différents. Le processeur interne sélectionne ensuite les sections d’images destinées à l’œil gauche et à l’œil droit, et les assemble pour créer deux photos.Ce procédé peut être comparé à celui d’un microscope à balayage, l’appareil reconstituant l’image en assemblant les tranches successives de la scène parcourue. La photo est alors sauvegardée au format MPO pour être visualisée sur un écran compatible 3D. Ce format de fichier (Multi Picture Object), adopté par tous les acteurs du marché (norme CIPA), n’est rien de plus qu’une encapsulation de plusieurs fichiers JPeg. Il n’est pas spécifique à la 3D et peut tout aussi bien servir à générer des photos panoramiques ou des images HDR.

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Philippe Fontaine