Le 31 août dernier, peu avant minuit, au Virgin Megastore de l’avenue des Champs-Élysées, à Paris, a eu lieu un événement… ou plutôt un non-événement. Le 1er septembre était en effet le jour du lancement en
France de la PSP, la nouvelle console de jeu portable de Sony.A cette occasion, le constructeur espérait bien susciter la même émeute que le 24 septembre 2000, date de la mise en vente, en France, de la Playstation 2. Or, manque de chance pour le géant du multimédia, la foule ne s’est pas
vraiment écrasée, en ce 31 août, sur la vitrine du magasin parisien.Peut-être les rumeurs défavorables à la PSP (extrême fragilité, faible autonomie de la batterie), glanées sur de nombreux sites Internet, ont-elles refroidi le public ? Toujours est-il que la fête n’y était pas… Peut-être,
également, les acheteurs potentiels redoutaient-ils que l’échange standard d’une PSP défectueuse leur soit refusé, étant donné le peu d’exemplaires disponibles. On se met à leur place…Pourtant, les opérateurs de télévision présents sur place ont fait de leur mieux, en choisissant soigneusement les angles de prises de vues, pour faire de cette médiocre affluence la cohue promise par Sony. Il faut dire que le
constructeur avait grassement alimenté les médias en images de fans prêts à tout pour s’approprier l’objet idolâtré.Faut-il regretter que le public se soit montré si raisonnable cette fois-ci ? Non, mille fois non.Car la foire d’empoigne du 24 septembre 2000 avait quelque chose d’indécent. Les organisateurs de cette émeute, comme ses acteurs, ne sont pas sortis grandis de la péripétie.N’est-il pas navrant de voir, dans un pays dit civilisé, des individus s’agresser physiquement (trois personnes ont été hospitalisées ce 24 septembre 2000) pour une console de jeu. De telles rixes évoquent plutôt les files
d’attente devant les magasins d’alimentation des pays totalitaires.Et pourtant, organiser un lancement en fanfare, ouvrir les magasins peu avant minuit, au jour J, est un acte de marketing assez classique. Le lancement, samedi dernier en France, du sixième tome des aventures de Harry
Potter en est un bon exemple. Mais avec une différence de taille : il n’y avait pas, à ma connaissance, de pénurie organisée et les acheteurs des aventures du jeune sorcier ont pu repartir avec leur livre sous le bras.Comme il l’avait fait pour la PS2, Sony a voulu jouer la pénurie… au risque d’entraîner quelques dérives chez les revendeurs. Ainsi, en septembre 2000, certains commerçants, qui n’avaient reçu qu’un maigre stock de
Playstation 2, ne les ont vendues qu’aux personnes qui acceptaient d’acquérir des jeux en même temps, une pratique pourtant formellement contraire à la loi.Cet automne, le vieux démon de la pénurie, la ‘ peur de manquer ‘, a déserté le Virgin Mégastore. C’est plutôt une bonne nouvelle, non ?* Rédacteur en chef adjoint de L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 21 octobre
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