Plusieurs fois, je suis tombé sur une publicité pour le logiciel Architecte Studio Pro, de Micro-Application, un logiciel d’architecture, comme son nom l’indique. L’accumulation de ses fonctions en fait un produit particulièrement attrayant. En y regardant de plus près, j’ai constaté qu’il permettait de prendre en compte des notions comme la climatisation, l’alimentation électrique de la maison, l’emplacement des disjoncteurs, le passage des câbles…Autant de notions qui, me semble-t-il, concernent l’architecte ?” le vrai ?” plutôt que l’amateur désireux de concevoir et de personnaliser sa maison. Je ne mets pas en cause le logiciel Architecte Studio Pro, dont je connais et apprécie les précédentes versions. Mais je me pose des questions sur l’utilisation du terme ” Pro “. Même si l’interface du logiciel est intuitive, elle ne doit pas masquer le fait que l’utilisateur occasionnel n’a que rarement les compétences d’un véritable architecte.Tant que le logiciel se présentait comme un programme de loisirs, il remplissait parfaitement sa mission : l’utilisateur construisait sa maison sur son écran sans se poser de questions sur les fondations ou les murs porteurs. Il pouvait même la meubler, la décorer, et s’y déplacer en temps réel.Qu’arrivera-t-il le jour où je souhaiterai vraiment faire construire ma maison ? Je montrerai fièrement à mon architecte les plans dressés avec mon logiciel estampillé ” Pro “. Il est fort probable qu’il me rira au nez en me faisant comprendre que le professionnel, c’est lui. Et il aura raison : je ferai moins le malin quand il m’aura fait observer que j’ai installé la salle de bains du côté opposé à l’arrivée d’eau.Bon, je caricature un peu, mais vous voyez bien ce que je veux dire. Le ” Faites-le vous-même “ est une dérive qui touche, me semble-t-il, de plus en plus de logiciels, dans tous les domaines.Ainsi, de nombreuses personnes, découvrant la richesse des logiciels de mise en page, croient pouvoir économiser le recours à un spécialiste pour l’édition de plaquettes professionnelles. Malheureusement, tout le monde n’est pas directeur artistique ou imprimeur. Et l’on voit ainsi circuler des documents créés en dépit du bon sens et quasiment illisibles.Je crois que le problème vient d’un dangereux amalgame : le fait d’avoir à notre disposition des logiciels aux fonctions toujours plus nombreuses et plus puissantes ne nous inculque pas instantanément le savoir et les compétences nécessaires pour en tirer parti comme un professionnel sait le faire.En résumé, si on me donne la palette et les pinceaux d’un Claude Monet, je n’en serai pas pour autant capable de peindre les mêmes tableaux que lui. Ou alors je change de métier tout de suite !* Rédacteur en chef adjoint de L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 22 novembre
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