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La nouvelle impulsion d’IP v.6 sur Renater 2

Renater, fort de son nouveau réseau basé sur la technologie ATM, permet à 45 sites français de tester la version 6 du protocole internet en natif sur des circuits dédiés et raccordés aux autres réseaux IP v.6 mondiaux.

Le protocole IP pourrait-il être victime de son succès ? Oui, si rien n’est fait pour son développement ! Depuis 1995, les experts annoncent une pénurie d’adresses IP avant 2010, voire avant 2004 pour les plus pessimistes. Afin de résoudre ce problème d’adresses et de conserver le potentiel du réseau internet, il a donc été décidé de faire évoluer le protocole IP. L’amélioration majeure apportée par la version 6 (IP v.6) consiste à changer le format du paquet IP de façon à passer d’un adressage 32 bits à un format d’adresse hiérarchique sur 128 bits. Théoriquement, cela permet d’agrandir l’espace d’adressage de 232 à 2128. Passer à IP v.6 semble nécessaire à la survie d’internet, mais comment convaincre les entreprises de basculer ou de migrer ? Réponse : en testant le protocole, en favorisant le développement d’équipements et d’applications compatibles IP v.6 et en offrant des mécanismes de transition entre les versions 4 et 6 du protocole. Mais pour y parvenir, encore faut-il pouvoir disposer de la connectivité IP v.6.

Une connectivité internationale grâce au n?”ud 6Tap

Pour répondre à la mission qui lui est confiée, à savoir organiser et optimiser le développement d’internet en France au profit notamment des centres de recherche, le Groupement d’intérêt public (GIP) Renater décide donc de construire un réseau pilote natif en IP v.6. Cette décision intervient début 1999, lorsque le GIP choisit de faire évoluer le réseau national de télécommunications pour la technologie, l’enseignement et la recherche. Le réseau Renater 2 continue donc de fonctionner avec le protocole IP v.4 et s’appuie sur la technologie ATM (Asynchronous Transfer Mode), mais un ensemble de circuits ATM est spécifiquement consacré à la création d’un réseau IP v.6 natif. Depuis octobre 2000, celui-ci est opérationnel ! Cinq routeurs double pile (compatibles IP v.4 et v.6), prêtés par Cisco, ont été installés dans les points d’interconnexion régionaux de Paris, Strasbourg, Nancy, Rennes et Grenoble de façon à offrir une connectivité IP v.6 aux sites qui leur sont raccordés. De plus, afin de fournir une connectivité internationale, le réseau IP v.6 de Renater 2 a été raccordé aux autres réseaux IP v.6 mondiaux, grâce au point d’interconnexion 6Tap. Un déploiement qui n’a duré que 12 mois. Une obligation imposée par le Network Coordination Center, organisme basé à Amsterdam, qui alloue les préfixes IP v.6. Renater a donc reçu un préfixe “/35” (dont la longueur est de 35 bits), qui lui permet d’attribuer 213 préfixes de sites. Chacun d’entre eux dispose alors de 216 sous-réseaux pour organiser son infrastructure, derrière lesquels peuvent se cacher 64 adresses IP.

Passer d’IP v.4 à IP v.6 sans douleur

Pour obtenir une adresse IP v.6 auprès du GIP, il faut contacter les points d’interconnexion régionaux de Renater. Dès lors qu’un site est agréé par le GIP Renater, il peut obtenir une adresse IP et de la connectivité IP v.6 sans frais supplémentaires. Les entreprises marchandes n’ont accès au réseau IP v.6 de Renater 2 que si elles recherchent et développent des produits ou des applications liées à IP v.6, comme 6Wind ou Dassault. Quant aux autres entreprises, elles pourront bénéficier des services du réseau de test G6bone, précurseur du réseau IP v.6 de Renater 2 qui lui est relié.

Une méthode transitoire

Le réseau G6bone n’est pas un réseau IP v.6 natif ; il s’agit d’une architecture IP v.6 fonctionnant sur IP v.4, où les paquets d’IP v.6 sont encapsulés et transmis dans des tunnels. Cette méthode transitoire complique un peu la tâche, mais assure une transition douce entre les deux mondes. Aujourd’hui, certains des 45 sites qui utilisent la connectivité IP v.6 de Renater 2 ont recourt au procédé du tunnel jusqu’au point d’interconnexion régional IP v.6 le plus proche.Bernard Tuy, responsable du déploiement du réseau IP v.6 de Renater, signale que “la mise en place n’a pas posé de problème particulier. Le coût du passage d’IP v.4 à IP v.6 reste très faible, voire insignifiant, même s’il ne faut pas ignorer les dépenses de formation. Pour l’instant, seule la supervision pose un petit problème puisque les outils dont nous disposons sont prévus pour l’IP v.4. Cependant, un déploiement massif de l’IP v.6 ne saurait arriver si des applications telles qu’Oracle ne sont pas mises à niveau pour cette version d’IP.” Et c’est bien là le problème ! Car si pour faire de l’IP v.6, il suffit d’entrer quelques lignes de code dans une machine (routeur ou autres), téléchargeables gratuitement à partir de certains sites de constructeurs (Sun, Cisco…), il n’en reste pas moins qu’il faut prévoir des passerelles applicatives spécifiques.

IPSec est intégré

Mais le jeu en vaut la chandelle ! Avec IP v.6, le nombre d’adresses IP permet en effet de répondre à l’arrivée des mobiles de troisième génération. De plus, ce protocole a été conçu pour simplifier la vie des administrateurs réseaux. Dotés d’une pile IP v.6, les terminaux sont capables de s’autoconfigurer, ajoutant leurs propres adresses MAC codées en 64 bits au préfixe du routeur, lequel est lui-même codé à 64 bits par l’administrateur. Ce faisant, un terminal est mobile et retrouve toujours son adresse, y compris s’il est déplacé. Autre avantage en terme de sécurité : IPSec (Internet Protocol Se-cure), qui autorise un chiffrement et une authentification, est intégré nativement au protocole IP v.6.

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Céline Astruc