Le piratage de contenus s’appuie de plus en plus sur des solutions professionnelles. C’est notamment le cas du streaming qui utilise désormais des CDN pour diffuser les films ou les séries de manière illégale. Ces « Content Delivery Network » (ou réseau de diffusion de contenu) sont généralement utilisés par des sites tout à fait légaux pour raccourcir leur temps d’accès grâce à la duplication de leur contenu au plus proche de l’internaute.
C’est le site spécialisé TorrentFreak qui a rapporté ce 3 février la généralisation de ce système, notamment en Russie. S’appuyant sur une étude de Group-IB, une société experte en cybersécurité, il explique que le streaming représente désormais 80 % du piratage de films et 90 % de celui de séries. Les torrents sont petit à petit délaissés par le public, même si c’est en grande majorité par leur biais que les copies pirates d’un film ou d’une série apparaissent pour la première fois.
Un moyen de masquer l’identité des serveurs d’origine
Comme l’expliquait la Hadopi lors d’une conférence de presse le 22 janvier dernier, les CDN dupliquent les serveurs d’origine des sites de streaming et permettent surtout de les masquer. Cela rend alors impossible de remonter jusqu’à eux et à leurs propriétaires.
Le fonctionnement des CDN résumé par la Hadopi
S’ils ne servent que de relais, ces CDN sont toutefois aussi fournis que les serveurs d’origine. Group-IB en a ainsi identifié un qui contient 300 000 fichiers représentant… 5 pétaoctets de données. L’aspect massif du serveur témoigne de la professionnalisation du piratage puisque la maintenance d’un tel CDN représente environ 100 000 dollars (87 400 euros) par mois.
Un écosystème profitable
Les lecteurs de streaming sont directement intégrés aux CDN. Ces derniers payent alors le propriétaire du site pirate qui les alimente automatiquement en contenus illégaux. Ces fournisseurs sont rémunérés selon le nombre de vues réalisées, environ 0,60 dollar (52 centimes d’euro) pour 1 000 vues. Pour se payer, les plates-formes de CDN affichent quant à elles des publicités, le plus souvent issues de sites peu recommandables de paris ou de casinos en ligne.
Devant cet écosystème du piratage, de plus en plus complexe et en perpétuelle évolution, la Hadopi se dit « désarmée ». Elle, qui ne peut lutter légalement que contre le peer-to-peer, reste donc impuissante face à ces nouvelles formes de distribution illégale.
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