Xavier Dalloz et André-Yves Portnoff reviennent dans la revue Futuribles sur un article consacré au multimédia qu’ils y avaient publié en 1994. Une relecture pour voir ce que les technologies de la communication ont apporté en sept ans. Premier constat : tout est allé encore plus vite qu’ils ne le pensaient et la question qui se pose aujourd’hui est celle de la capacité de l’économie française à s’adapter à la vitesse des mutations et aux nouvelles conditions de production. L’entreprise industrielle apparue au XIXe siècle cherchait à baisser ses coûts pour réduire ses prix et éliminer ses concurrents. Elle rassemblait une main d’?”uvre hétérogène sur des sites proches des sources de matière première et la contraignait à la productivité par le taylorisme. Avec la nouvelle économie, la matière première principale est l’information, et elle est partout. La main d’?”uvre n’a plus de référence géographique et il est possible d’unir dans un processus productif des acteurs vivant à des milliers de kilomètres les uns des autres mais reliés par le net.
Associer les gestes inventifs
Ce qui compte, ce n’est plus la réduction des coûts par des économies d’échelle et des astuces d’organisation, mais l’adaptabilité permanente à la demande et la capacité à associer des gens inventifs. Pour décrire les nouvelles conditions de production, les auteurs emploient ce qu’ils appellent la parabole des blinis : avant on les vendait le moins cher possible ; aujourd’hui on les propose sur le net associés à du caviar et de la vodka. La nouvelle économie est celle de l’association, de l’alliance rapide des idées et des talents. Maître mot : la confiance, alors que celui de la réalité de l’économie française, de plus en plus judiciarisée et étouffée par une réglementation proliférante, est la défiance. Conclusion, la France à l’ère de la net économie est mal partie…* Professeur à l’ESCP
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