En cette fin d’année 2001, les tribunaux de commerce ne désemplissent pas tant les sociétés en cessation de paiement sont légion. Si les attentats du 11 septembre ont précipité la chute de quelques entreprises fragiles de la Net-économie, ils ne peuvent être tenus pour responsables de cette tendance. En effet, un grand nombre des habitués des First Tuesday rencontraient déjà des difficultés. Dès la fin de l’année 2000, la chute de Clust.com avait donné le coup d’envoi de la décadence.Depuis, des pans entiers de la Net-économie sont en faillite. A Paris, plus d’une centaine de jeunes pousses ont dû fermer boutique. Les portails et sites marchands issus des entreprises click and mortar réduisent également la voilure, quand ils ne font pas franchement machine arrière.En réalité, il convient de faire une distinction entre les start-up de la première génération, nées avant 2000, celles des clichés, du strass et des gabegies, et les start-up nées au c?”ur de la crise, telles que les places de marché en ligne.Depuis deux ans, les premières ont occupé le devant de la scène, achetant l’audience à grand prix, adaptant leur modèle économique B-to-C au B-to-B lorsque l’argent de la publicité en ligne s’est tari et, enfin, déposant les armes sous la pression de capital-risqueurs devenus frileux. Les secondes, apparues au printemps 2000 et reposant sur des fondations plus solides, ont mieux résisté à cette année de crise.Mais d’une manière générale, ce début du 21e siècle marque la fin des certitudes et la remise en cause des postulats de la nouvelle économie. Le modèle du tout-gratuit, financé uniquement par la publicité, s’avère un échec. Le contenu de qualité a un coût qu’il faut rentabiliser, monétiser, selon l’expression consacrée. Dès lors, il convient de réviser le modèle économique pour associer des services payants aux contenus gratuits.Aujourd’hui, cependant, rares sont ceux qui ont pu trouver la solution miracle : les portails d’information tentent de commercialiser leurs archives, les sites d’avis de consommateurs dérivent vers les études en ligne (voir le rachat de To Luna par Consuvote), les moteurs de recherche s’intègrent comme modules de sites Internet ou intranet…
L’argent du e-commerce tarde à venir
Pour les sites marchands, l’année 2001 est également celle de la prise de conscience : ils ne parviendront pas à l’équilibre sans être soutenus par une marque, une enseigne connue. Alors que Fnac.com continue sa progression, le site indépendant Alaxis.com ferme ; Amazon.fr ne connaît pas le succès escompté et Alapage doit à Wanadoo sa résistance à la crise.Les supermarchés, qui voulaient agrandir leur surface de vente dans le virtuel, baissent aussi la voilure : les courses sur Internet n’intéressent qu’une population limitée. Si l’argent du e-commerce tarde à rentrer, il faut néanmoins reconnaître qu’Internet s’adapte parfaitement à certaines formes de vente. Ainsi, aquarelle.com vend toujours plus de fleurs en ligne et les billetteries de spectacles jouent à guichet fermé.Dans la pratique, la crise économique américaine a engendré une diminution des investissements des entreprises, notamment en matière d’équipements de télécommunications et de réseaux, poussant les équipementiers télécoms et Internet dans le rouge. Cisco, Lucent Technologies, Nortel et Alcatel sont les premiers à donner l’alarme et à entamer la valse des profit warnings. En bout de chaîne, une société comme Highwave Optical, pourtant start-up vedette de l’année 2000, prend l’eau, licencie à tour de bras et perd (au 26 décembre) 98,05 % de sa valorisation en un an.L’indice du Nouveau Marché de la Bourse de Paris a reculé de plus de 63 % et presque toutes les entreprises de la nouvelle économie ont perdu plus de 70 % de leur valorisation (Fi System : -86,8 % ; Integra : -80,09 % ; Art Price : -69,54 %…). Les nouvelles levées de fonds et les introductions en Bourse se font rares et les entreprises rencontrent de plus en plus de difficultés à se financer.Le capital-investissement est désormais moins enclin à renflouer des sociétés qui n’ont pas encore réussi à constituer un portefeuille stable de clients. Certains, à l’image d’Europ@web, se défaussent des entreprises qui ne seront jamais rentables. L’heure n’est plus à la conquête à tout prix de l’internaute mais à la recherche d’un client susceptible de payer un produit ou un service.
L’e-business profite aux vendeurs de pelles et de pioches
Tout naturellement, les capital-risqueurs ont tourné casaque pour miser sur les fournisseurs de technologies, d’infrastructures et de systèmes de sécurité. Même si quelques jeunes pousses se sont glissées dans le tiercé gagnant, ces sociétés sont issues de l’ancienne économie ou existaient avant l’avènement des start-up (généralement sous un autre nom).Ainsi, BEA Systems, avec WebLogic, et IBM, avec WebSphere, bénéficient de l’engouement pour les plates-formes Java comme bases des infrastructures Internet des entreprises. De plus, l’arrivée des e-services à forte valeur ajoutée devrait leur permettre de connaître une année 2002 positive.Autre secteur gagnant, celui des architectes du système d’information de l’entreprise. Les agences Web en péril l’avait pressenti : l’activité de conseil (catalogues en ligne, portails, sites Internet et extranet, Web Services, datamining, EAI, middleware, serveurs d’applications…) devait renforcer les prestations de construction de sites vitrines et marchands en forte diminution depuis la chute des dot-com.En France, les activités de conseil représenteront 1,318 milliard d’euros en 2001, et devraient continuer de croître dans les années futures. Dès lors, rien d’étonnant que France Télécom mise sur ce secteur en créant Euralba ou qu’Umanis ou Homsys surfent sur le marché juteux de l’e-CRM.
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