Si jamais, dans bien longtemps, un archéologue fouille les décombres ensevelis de mon appartement, je parie que sa seule trouvaille sera un verre de taille médiocre portant au côté le portrait en pied à demi effacé de Mowgli. C’est ainsi. Malgré plusieurs tentatives de meurtre quotidiennes à la brosse à dent, ce verre à moutarde est indestructible. Ce n’est pas le cas des flûtes en cristal que j’ai reçues en cadeau pour Noël l’an dernier. J’ai brisé la dernière hier.Aucune fatalité là-dedans. Il s’agit de logique industrielle. Si les flûtes en cristal ne cassaient jamais, il n’y aurait plus d’industrie du cristal. Donc, l’objectif numéro un du fabricant de cristal est que sa production casse le plus tôt possible. Au contraire, le fabricant de moutarde a intérêt à trouver des emballages résistants. Personne n’apprécie l’andouillette au verre pilé.Avez-vous maintenant remarqué la furieuse tendance des périphériques informatiques à tomber en panne à expiration de la garantie plus un jour ? Rien de plus compréhensible. Comme le cristallier, le fabricant de périphériques doit sa survie au renouvellement continuel du marché. Et condamne le consommateur au rachat perpétuel et vain des mêmes médiocres objets.Voilà pourquoi j’appelle solennellement les fabricants de moutarde à remplacer leurs emballages habituels. Le lecteur de CD à moutarde, l’imprimante à jet de moutarde et même ?” pourquoi pas ? ?” le PDA à moutarde, voilà qui assurera le salut du consommateur. Et “il n’y a que Maille qu’e-mail”, cest goûteux comme slogan, après tout.Prochaine chronique samedi 15 décembre
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