La mobilisation antibug a modifié les relations clients-fournisseurs
Face à l’échéance de l’an 2000, clients et fournisseurs ont été amenés à faire preuve de solidarité. Reste à espérer que ce comportement perdure après la crise.
Si le bug et ses éventuelles conséquences ont mis du temps à sensibiliser les esprits, ses effets sur les comportements des différents protagonistes sont loin d’être négligeables. En effet, alors que les premiers temps avaient été marqués par des polémiques (on se souvient notamment des propos assez durs de Marylise Lebranchu à l’encontre de Microsoft), les attitudes ont évolué au fil des mois. À tel point que dans les derniers jours de décembre, chacun a pu entendre un discours consensuel (trop peut-être !) qui pourrait se résumer ainsi : “Il y aura sans doute des problèmes, mais on va se serrer les coudes.” Les difficultés ayant été mineures, on ne sait pas si cette bonne résolution aurait été suivie d’effet. Quoi qu’il en soit, comme l’a souligné Christian Sautter dans son allocution du 3 janvier : “Le bug a sensibilisé chacun, du salarié au chef d’entreprise, à l’importance des systèmes technologiques dans nos processus de travail et de production.”La prise de conscience a également concerné les pouvoirs publics qui, bien qu’ils aient réagi tardivement (fin 1998), n’ont pas lésiné sur les moyens pour sensibiliser la population et, particulièrement, les entreprises : campagnes télévisées, envoi, dans les PME, de 400 000 plaquettes, mesures fiscales, formation de personnels dans les DRIRE et, surtout, mise en place d’une cellule de surveillance à Bercy. Les organisations syndicales et patronales (Confédération générale des PME, Medef) se sont elles aussi largement mobilisées, multipliant les réunions régionales et déployant leurs réseaux en collaboration avec les CCI et l’Ordre des experts-comptables. Certes, comme le rappelle la CGPME (lire encadré), les organisations syndicales se mobilisent régulièrement sur des grands sujets (passage à l’euro, 35 heures…), mais on avait rarement assisté à une telle concertation.
Les fournisseurs se sont mobilisés en ordre dispersé
Même constat pour les fournisseurs, bien que leurs comportements aient été plus disparates. Jusqu’au ” coup de gueule ” de la secrétaire d’État (en mai 1999), bon nombre d’entre eux n’avaient presque rien fait. Les craintes de procès, la pression des clients et pour certains, l’espérance de gagner beaucoup d’argent les ont fait rapidement réagir. Mais, d’une façon générale, il semble que le phénomène bug ait marqué un tournant dans les relations entre les fournisseurs et leurs clients. Pour une fois, il y a eu un véritable dialogue entre les deux parties, et pas seulement en direction des grands comptes. Les fournisseurs ont fait un réel effort pour informer les PME en instaurant des structures lourdes (numéros verts, cellules de crise avec plusieurs dizaines, voire des milliers de personnes réquisitionnées), et les entreprises semblent avoir été sensibles à cet effort. C’est en tout cas le sentiment de Pascal Houilllon, directeur général de Sage France. S’il n’y a pas eu de problèmes majeurs, dit-il, c’est parce que “les éditeurs et les clients ont su anticiper l’échéance, et je me réjouis de ce travail commun.”