La méthode de sélection

Le Nouvel Hebdo a passé aux cribles les entreprises de Next Economy cotées au Nouveau Marché avec l’aide de l’équipe des analystes financiers de la société de gestion Aurel Leven^(*). Nos conclusions rejoignent le consensus de la majorité des professionnels : beaucoup d’entreprises de ce Marché sont injustement massacrées. Nous avons sélectionné vingt valeurs offrant à nos yeux un potentielle de valorisation boursière à moyen terme. Pour cela, nous avons appliqué une grille de lecture à la fois financière et managériale, croisant critères qualitatifs et quantitatifs.

Les critères qualitatifs

Le premier concerne la visibilité de l’entreprise à un horizon de deux ans. Il est établi en fonction de deux sous-critères. D’abord l’entreprise a respecté dans le passé ses prévisions sans, le cas échéant, avoir publié des résultats décevants au dernier moment. Ensuite, la stabilité de l’environnement de l’entreprise a été prise en compte. Le second critère est d’ordre managérial et tient compte de la clarté de la stratégie de l’entreprise ainsi que de la pérennité des équipes de management.

Les critères quantitatifs

Le taux d’endettement (rapport de la dette sur les capitaux propres) nous est apparu incontournable en raison des excès que le Nouveau Marché a connus ces dernières années à ce sujet. Les deux suivants sont plus “classiques”. Il s’agit de la croissance attendue du chiffre d’affaires au quatrième trimestre 2002 et du bénéfice par action attendu sur la même période. Ces derniers, le plus souvent à deux chiffres, oscillent entre 4 et 80 %.Enfin, nous avons affiné l’analyse en rapportant la valeur économique de l’entreprise à son chiffre d’affaires (voir le glossaire ci-contre).Au bout du compte, nous avons sélectionné, avec Aurel Leven, quinze bons élèves et cinq outsiders, valeurs au profil plus spéculatif.(*) Société de Bourse et de gestion de portefeuille forte de 70 personnes indépendantes de tout grand établissement bancaire.

Les 3 tendances de la sélection

1. La barre de la compétence technologique est placée de plus en plus haut.

N’a plus le label TMT qui veut ! Après avoir pris bien du retard, les analystes financiers deviennent de plus en plus pointus sur le registre des nouvelles technologies. Ainsi, si une valeur comme Soitec (spin-off du LETI, le laboratoire français d’électronique, de technologie et d’instrumentation, basée à Grenoble) a été retenue, c’est parce que sa technologie Smart Cut permet de réduire considérablement le coût de fabrication des semi-conducteurs. De même, Riber (autre équipementier pour les fabricants de semi-conducteurs) est jugée comme une star à venir malgré ses contre-performances ?”l’année dernière, son chiffre d’affaires a fléchi de 17 %?” car elle a investi une niche technologique pleine de promesses : l’épitaxie par jets moléculaires. Son savoir-faire se situe, lui, en amont de la fabrication des semi-conducteurs, et la place comme l’un des leaders mondiaux dans le domaine. Des armes concrètes pour profiter au mieux de la reprise du marché.

2. Une place prépondérante faite aux SSII et aux services internet.

Pour les sociétés de services informatiques et ce qu’il reste des agences web, la reprise n’est généralement attendue que pour la fin de l’exercice 2002. Les analystes ont fini par reconnaître une évidence : ces fournisseurs des grands groupes et des PMI sont par nature des entreprises cycliques. Autant la baisse de la demande a logiquement creusé leurs valorisations, autant elles devraient profiter à plein d’un rebond de la conjoncture. C’est pourquoi elles représentent près de la moitié de notre sélection. Beaucoup des valeurs retenues sont en outre susceptibles de voir leur salut venir de leur diversification à l’international. C’est le cas de Devoteam (société de conseil en technologie, lire aussi page 29), avec plus de 1 750 collaborateurs dans huit pays, ou de Linedata Service (édition de logiciels et prestations de service dans la gestion de back et middle office) qui est en train de concrétiser des relais de croissance outre-Atlantique à l’aide de son partenariat américain avec LongView.

3. Les médias brillent par leur absence.

L’équipe d’analystes d’Aurel Leven goûte peu les valeurs Médias, surtout celles qui dépendent des recettes publicitaires. Dans ce secteur à risques, Millimages fait figure d’exception (lire aussi page 28). Cette société a été sélectionnée en raison de la richesse de son catalogue et de sa diversification à l’international (75 % du chiffre d’affaires). Autre élue : ADPLPartner, leader européen du marketing de fidélisation, qui figure dans notre liste en raison du montant important de ses recettes récurrentes, qui pèsent là aussi pour près de trois-quart de son chiffre d’affaires.

La volatilité des marchés, si nous devions l’oublier, est là pour rappeler les limites de toute distinction de valeurs. L’approche que nous avons choisie avec les équipes d’Aurel Leven, inspirée de la philosophie du stock-picking, s’oppose en cela à la démarche du market-making, laquelle parie sur un seul marché ou sur un seul indice. Le stock-picking, qui consiste à choisir la bonne valeur au bon moment en raison de ses qualités intrinsèques, peut sans doute s’apparenter à une méthode de sélection par gros temps. Bien dactualité

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Jean-Pierre Savalle