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La marche invisible de la mondialisation

Comment convaincre ceux qui sont confrontés au chômage d’accepter les effets négatifs immédiats de la mondialisation, même si elle entraîne une amélioration du niveau de vie mondial ?

Si seulement il était possible d’avoir davantage de personnes défendant les aspects positifs de la mondialisation. Peut-être le problème vient-il du fait que les conversations sur ce sujet sont habituellement trop courtes et superficielles. Mais y a-t-il vraiment beaucoup à dire ? En stimulant l’investissement, la mondialisation accélère la croissance économique et améliore le niveau de vie dans le monde entier. Ainsi expliqué, il n’y a pas de mesure de lutte contre la pauvreté plus puissante que la mondialisation ?” l’intégration de l’économie mondiale. De plus, il apparaît, particulièrement depuis le 11 septembre, que la prospérité améliore sensiblement les chances de paix.

Peu d’activisme

Ce message sur la mondialisation est simple et puissant. Mais il n’a aucun caractère sensationnel. Il ne se traduit pas en gros titres dans les journaux. Les bénéfices de la globalisation sont diffus, les avancées sont difficilement visibles d’un jour sur l’autre. Au cours d’une année ?” même une bonne année ?”, les niveaux de vie ne progressent que de manière infime. C’est la raison pour laquelle la mondialisation inspire peu d’activisme. C’est une marche invisible.Début décembre, un groupe d’origine australienne a organisé sa propre marche invisible (ou presque). La “Marche pour le capitalisme” a eu lieu dans plus de 100 villes dans le monde entier. Elle n’a rassemblé que soixante personnes à New York, et guère plus dans les autres villes. Un tel événement semble bien maigre comparé aux milliers de militants antimondialisation qui ont interrompu le sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de Seattle ou encore celui du FMI et de la Banque mondiale à Prague.Les inconvénients de la mondialisation ont un caractère plus médiatique et sensationnel. Ils créent une douleur visible, même si elle est souvent à court terme. Par exemple, le transfert d’une usine d’un pays industrialisé vers un pays en voie de développement entraîne de nombreuses pertes d’emplois. Le personnel politique est contraint de se focaliser sur les aspects locaux et à court terme de la mondialisation. Tous les présidents américains depuis la Seconde Guerre mondiale ont défendu ce processus. Mais aucun n’a su en expliquer les bénéfices à un public sceptique par nature. Comment convaincre la population, faisant face au chômage, d’accepter les effets négatifs immédiats de la mondialisation, même si cela entraîne une amélioration du standard de vie mondial. Plutôt que de se focaliser sur le positif, les hommes politiques ont tendance à justifier la mondialisation comme un phénomène inévitable (ce qui n’est pas le cas) et par conséquent comme un nouveau challenge à surmonter. Un tel argumentaire n’est certainement pas motivant.

Halte aux conflits d’intérêts

Les chefs d’entreprise sont bien conscients que le public n’est pas prêt à leur faire confiance dans des domaines tels que la santé, la sécurité et l’environnement. Dans ces situations, les conflits d’intérêts sont trop évidents. Mais la mondialisation crée une situation dont tous les participants peuvent sortir vainqueurs. Les entreprises investissent dans des économies émergentes et peuvent en retirer un profit. Dans le même temps, les pays en voie de développement bénéficient de ces investissements, via un recul de la pauvreté.Il est même possible d’illustrer la mondialisation avec deux photographies. Sur la première, un ouvrier agricole utilisant un matériel rudimentaire, au milieu d’un champ. Sur la seconde, la même personne, trois ans plus tard, devant une machine, un manuel d’utilisation à la main. La légende pourrait être “notre investissement dans l’équipement et la formation augmente la productivité de cet ouvrier dun facteur cinq. Et nous faisons cela dans tous les pays en voie de développement”. Plus de productivité. Plus de prospérité et plus de paix.* dirige le William F. Achtmeyer Center for Global Leadership, à la Tuck School of Business, Dartmouth (États-Unis)

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Christopher Trimble*