C’est le nom le plus célèbre du monde des télécommunications. Et pour cause : AT&T (American Telephone & Telegraph, pour rappel) est un opérateur historique, au sens propre du terme. L’entreprise fut fondée dans les
années 1880 par un des inventeurs du téléphone*, Alexandre Graham Bell.Pour AT&T, que les Américains surnomment ‘ Ma Bell ‘, soit ‘ la maman du téléphone ‘, la longue histoire semble bel et bien terminée. Les
conseils d’administration de SBC, le numéro deux des télécoms aux Etats-Unis, et d’AT&T ont approuvé le rachat de cette dernière pour la somme de 16 milliards de dollars, soit le montant de sa capitalisation boursière. Les autorités
américaines et européennes doivent encore donner leur feu vert à cette fusion américaine, qui suit celle, récente, de Sprint et Nextel.Ironie de l’histoire, AT&T est avalée par une entreprise à laquelle elle a elle-même donné naissance. SBC est en effet une des sept Baby Bells nées en 1984 de l’éclatement, demandé par la justice, d’AT&T en
plusieurs entités. Ma Bell avait alors dû se scinder en divers opérateurs régionaux (Verizon, Bellsouth, Qwest, Soutwestern Bell, future SBC) et un opérateur longue distance (AT&T)L’absoption d’AT&T, si elle est enterinée, permettra à SBC de continuer son développement, et de passer devant son rival Verizon. Il accède ainsi au réseau longue distance d’AT&T, à des technologies nouvelles (la voix sur IP par
exemple) et surtout au marché des entreprises, sur lequel AT&T s’est recentré ces dernières années.Selon le Washington Post, le nouvel ensemble affichera 60 millions de clients résidentiels, et un chiffre d’affaires combiné de 70 milliards de dollars. SBC est l’un des leaders de l’ADSL, avec 5,1
millions de lignes. Et, ce n’est pas le moindre, possède 60 % de Cingular, opérateur mobile qui compte 49 millions de clients dans tout le pays.
Descente aux enfers
Pour AT&T, ce rachat marque la fin d’une longue descente aux enfers, qui l’aura vu inéxorablement décliner jusqu’à sa sortie symbolique, en avril dernier, de l’indice Dow Jones.Après son éclatement, AT&T a accumulé les mauvais scénarios. En 1986, l’opérateur perd son monopole sur les communications longue distance. Il y subit alors une rude concurrence. Et il a du mal à réintégrer, en contrepartie, le
marché local, où les Baby Bells dominent.Sa tentative de les concurrencer en rachetant en 1999 des réseaux câblés – TCI et MediaOne – est un échec cuisant. AT&T débourse plus de 100 milliards de dollars, avant de revendre ces réseaux à un prix inférieur. Sa
diversification au début des années 90, avec l’achat de NCR, sera tout autant ratée.Lourdement endetté, AT&T n’a eu de cesse ensuite de se restructurer, pour enrayer son déclin. AT&T se scindera à deux reprises. 1995 voit ainsi la naissance de Lucent, ex-Bell Laboratories (célèbre pour ses onze prix Nobel). En
2000, AT&T annonce son éclatement en 4 entités (haut-débit, mobiles, entreprises et grand public). La formule n’a malheureusement rien de magique.La branche mobiles est cédée en février dernier à Cingular. L’activité grand public, elle, ferme boutique en juillet. En octobre dernier, AT&T annonçait 12 300 suppressions de postes dans le monde pour 2004. Ses effectifs
ont fondu, en quelques années, de 165 000 personnes à environ 50 000 aujourdhui.* La chambre des représentants américains a reconnu en 2002 que la véritable paternité du téléphone devait être attribuée au Florentin Antonio Meucci, qui avait déposé une demande de brevet provisoire en 1871, expirée en 1874,
faute de moyens.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.