Quelques voyages à San Francisco, la lecture d’Intelligence stratégique sur internet (Dunod, 1998-2000) par Carlo Revelli, auront suffi à convaincre Jean-Claude Lagarrigue, directeur général de la Fédération de la Maille, de la pertinence d’un outil de veille internet. “J’ai compris que cela répondait à un besoin réel et que je saurai m’en servir”, raconte ce senior, avouant sans vergogne ses 63 printemps.
Organisation riche en sites
Il décide donc de rencontrer l’auteur de l’ouvrage pré-cité, par ailleurs cofondateur de Cybion, société spécialisée dans l’intelligence économique. L’équipe de sept personnes de la Fédération, chargée de la veille technologique, est ainsi dotée d’un logiciel de recherche sémantique conçu par Arisem, complété par une formation dispensée par Cybion. Celle-ci s’est montrée indispensable à l’usage optimisé du logiciel ?” plus complexe qu’il n’y paraît ?” et à la tranquillité de Jean-Claude Lagarrigue, qui se voit comme un néophyte de l’informatique : “Quand je regarde un clavier, j’ai toujours l’impression qu’il manque des lettres”, s’amuse-t-il. L’homme a pourtant déjà affûté ses compétences : ce système de veille constitue la dernière pierre d’un édifice web riche de six sites et d’un portail.Ce spécialiste du monde du textile tient surtout à prévenir toute sacralisation de l’outil : “Notre logiciel n’est qu’un ingrédient comme le sel et le poivre, qui donnent plus de goût.” Tout en lui reconnaissant des avantages économiques ?” seulement 91 500 euros (600 000 francs) d’investissement tout compris ?” ou techniques. “Vous tapez un mot clef, et l’outil capte vingt-quatre heures sur vingt-quatre tous les messages en ligne, qui le contiennent”, note-t-il. De quoi enrichir sérieusement les études établies pour le compte des 200 entreprises membres.En échange de pièces sonnantes et trébuchantes, Adidas, Etam, Dim, et les PME adhérentes peuvent s’informer sur les activités d’un concurrent ?” qui n’est bien évidemment pas membre de l’association ?” ou encore sur l’état du marché du textile dans un pays où elles veulent s’implanter. Quant aux sujets plus collectifs, tels les derniers accords internationaux en matière de textile, ils font l’objet d’une diffusion générale.
Cibler la recherche
Reste que “toute la valeur ajoutée de l’outil vient de l’utilisation qu’en font les veilleurs”, précise Jean-Claude Lagarrigue. Charge à eux en effet de retirer la quintessence de cette masse d’informations, en évitant les demandes trop générales. L’intarissable directeur général relate la première fois où il a demandé au moteur une recherche sur le tissu “moiré”, alors qu’un industriel se trouvait dans son bureau : “Nous avons parlé d’autre chose. Quelques minutes plus tard, plus de 7 000 articles sont apparus”. De quoi donner envie de fermer la fenêtre de l’outil ? Ce serait se méprendre sur la pugnacité de celui qui dirige parallèlement les activités de lobbying de la Fédération et l’organisation de huit salons. “Cet outil me structure l’esprit, d’une façon différente de mes collègues de Bruxelles”, se satisfait-il. Mais si ce sexagénaire s’est approprié le système de veille, il n’en reste pas moins circonspect sur certains aspects des nouvelles technologies. Ainsi les études sont toujours expédiées par la Poste, jugée plus sûre que le-mail…
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