” Vous n’êtes pas assez productifs ! “ Qu’elle soit assénée clairement ou insidieusement par le chef de projet à ses programmeurs, la sentence crispe toujours un peu, même dite avec le sourire, même autour de la machine à café.Coder après avoir essuyé un jugement aussi inique devient un véritable calvaire, binaire comme l’histoire de l’informatique. En configuration ” démotivé “, vous allez produire zéro ligne de code. En position ” fuite en avant désespérée “, ce sera une infinité de mauvaises.Voici quelques données issues de recherches très sérieuses qui devraient redonner du peps, voire du répondant, aux grouillots du clavier.D’abord, si vous êtes moins prolixe que votre voisin de plateau, vous avez forcément de bonnes raisons. Là, il est possible d’invoquer, et même de revendiquer, votre manque de connaissance, pêle-mêle, de l’environnement d’exécution, du langage et de l’environnement de programmation, de l’environnement du système cible, de ce qui éventuellement a été (mal) codé par ceux dont vous prenez la suite… Regardez aussi au niveau de la conception qui vous a été donnée : est-elle suffisamment claire ?Après avoir critiqué l’incapacité de vos chefs à mobiliser des ressources adaptées (vous, en l’occurrence), parlez chiffres, c’est imparable. Voici le tuyau, issu d’études très sérieuses. La vitesse limite absolue de codage est estimée à 6 500 lignes source de code par personne et par mois. C’est une limite physiologique impossible à dépasser. La vitesse limite ” relative ” est quant à elle de 2 200 lignes et inclut un minimum de réflexion. La vitesse de programmation dite ” artisanale ” chute à 1300 lignes, tenant compte d’une phase de conception et de la rédaction d’un brouillon. Et si on vous demande une programmation industrielle, c’est-à-dire documentée et répondant à des standards de codage précis, vous vous situerez entre 220 et 350 lignes par mois.Application concrète : on vous demande plus de 1500 lignes par mois, travaillez en artiste, on vous en demande 3 000, ne réfléchissez plus, et si la demande dépasse 6 500, c’est que vous êtes sans doute tombé dans la mauvaise entreprise. Regardez attentivement votre voisine de bureau : si c’est une dactylo, c’est pas bon.Au niveau ” industriel “, qui doit être le vôtre, on se rend compte qu’experts et débutants montrent une productivité comparable. Ces derniers, d’une manière générale, codent moins vite, mais se rattrapent en concevant un programme qui n’est qu’une succession de cas particuliers pléthoriques et simples à coder. L’expert, au contraire, s’attache à bâtir un logiciel traduit directement de l’algorithme qu’il a imaginé. Donc, il joue davantage sur la qualité que sur la quantité.Aujourd’hui, juger de ses équipes en fonction du nombre de lignes produites n’a que très peu d’intérêt. Le principe a fait les beaux jours des modèles d’estimation de charge tels que Cocomo (Constructive Cost Model) mais représente le piège absolu dès lors que l’on veut s’en servir pour jauger ses développeurs. Dans le secteur des applications Internet, de plus en plus basées sur des composants préexistants, plus aucune organisation n’aurait lidée de faire ça. Si ?Prochaine chronique le lundi 27 août
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