Tous les ans, les éditeurs espèrent voir exploser le marché des systèmes d’information géographique (SIG). Mais l’explosion n’est toujours pas au rendez-vous. Les outils de cartographie décisionnelle se diffusent lentement depuis près d’une décennie. En France, la croissance s’est maintenue à 15 % au cours des trois dernières années. Ces “trois glorieuses” se reproduisent au niveau mondial, mais avec un taux réduit de 11 à 13 %. L’évolution vers le service et la libéralisation des données joue ici un rôle fondamental, plus prégnant dans l’Hexagone, où l’information était traditionnellement peu disponible et chère.“Pour tous les éditeurs, 2001 est un bon cru”, s’enthousiasme Henri Pornon, consultant SIG au cabinet Ieti. Après le 11 septembre, on a enregistré une diminution de l’investissement ?” notamment dans les banques et les assurances. Mais, à ses yeux, ce serait un simple décalage dans le temps, car “les commandes prévues seront honorées en 2002”. Rony Gal, PDG d’Esri France, le confirme : “Nous restons en progression grâce aux gestionnaires d’infrastructures, comme EDF/ GDF, et aux activités de sécurité, comme le ministère de la Défense.” Cette année encore, fort de son application phare Arcinfo, Esri détient 36 % de parts de marché dans le monde, et, plus modestement, 31 % en France (voir infographies). Il a distancé son concurrent d’hier, Microstation, diffusé par Intergraph et édité par Bentley. Aujourd’hui, Intergraph vend d’autres produits, comme Géomédias, et Bentley ?” à l’image d’Autodesk avec Safège et Eurogis ?” s’est concentré sur la CAO/DAO. Du coup, leur activité SIG s’effectue principalement via des revendeurs. “Au fil des ans, Esri est devenu le leader mondial. Mais les études sous-évaluent les ventes indirectes et un nouveau type de concurrence.”, assure Henri Pornon, estimant que les chiffres de Daratech ou d’IDC ne reflètent plus la réalité. A ses yeux, les données du marché calculées par Daratech, en additionnant le chiffre d’affaires des éditeurs, devraient être redressées. En effet, l’arrivée d’une myriade d’acteurs d’un nouveau genre devrait faire gonfler l’activité totale française qui passerait ainsi de 48,7 millions d’euros (vente de logiciels et de services) à 122 millions d’euros.
Des services de géolocalisation via internet
De la vente de logiciels, le marché des SIG évolue vers la commercialisation de services. Les offres d’accès via le web, lancées par Asterop et Metod Localisation, en France ; ou Map Quest, aux Etats-Unis, illustrent cette évolution. Géoconcept propose des services incluant l’application et les données. Même des fournisseurs s’engouffrent dans le créneau. Ainsi Maporama, qui vient de lancer des services de géolocalisation, accessibles via internet, pour les entreprises. Absents des études de marché, ces nouveaux acteurs gênent les éditeurs traditionnels. Ils proposent des solutions ?” applications et données inclues ?”, au lieu de vendre un logiciel et de laisser l’utilisateur composer ses données. Enfin, de plus en plus de clients préfèrent louer un accès et des données mises à jour en permanence, qu’ils utiliseront en fonction de leurs besoins. “C’est un pavé dans la mare de tous ceux qui veulent vendre de la licence”, analyse Henri Pornon. Et un frein potentiel à la vente de licences, car le SIG sera de moins en moins un marché de produits. Un autre secteur appelé à un fort développement échappe aux éditeurs : linformatique embarquée pour la gestion de flottes de véhicules, par exemple. Ici, les applications sont réalisées à 80 % par des petites entreprises, tels Cleversys ou Loxane.
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