Vous éditez le site de diffusion de vidéo à la demande Liberafilms.com, et vous êtes membre du CSTI. Comment lisez-vous l’annonce faite autour de la vidéo à la demande par les cinq studios américains ? l me semble qu’il n’y a jamais eu de situation analogue, où producteurs et diffuseurs s’alliaient pour créer une telle offre. Reste à voir dans quelle mesure les autres pourront travailler avec eux.Leur intérêt subit pour la diffusion à la demande va-t-il permettre d’en démocratiser l’usage ? ‘est amusant, car jusqu’alors notre activité [sur Liberafilms.com, ndlr] suscitait parfois le scepticisme des investisseurs. Depuis l’annonce, nous sommes de nouveau très sollicités. Paradoxalement, cela arrive à un moment où nous nous interrogeons sur la poursuite de notre activité. Car il faut bien comprendre que la situation est extrêmement complexe en Europe, notamment sur la question des droits d’auteur. En effet, un auteur cède des droits d’exploitation sur des supports (cinéma, télévision, vidéo, etc.), précisés contractuellement au moment de la diffusion. L’exploitation sur internet n’était pas précisée il y a encore deux ans. Ce qui veut dire qu’avant de pouvoir diffuser une ?”uvre, il faut demander l’autorisation de tous les auteurs concernés. Dans le meilleur des cas, il faut compter trois mois de tractations. Souvent les discussions échouent. À l’inverse, aux États-Unis, c’est le régime du copyright qui est en vigueur. Les auteurs cèdent leurs droits pour tous les supports actuels et à venir et perçoivent un intéressement à l’exploitation. De plus, en Europe, les productions cinématographiques sont cofinancées par des opérateurs de diffusion, les chaînes de télévision en particulier, ce qui leur garantit l’exclusivité de la diffusion (hertzienne, câblée, etc.). Dès lors, il devient compliqué de trouver une fenêtre de diffusion entre la sortie salle et les différents modes d’exploitation télévisés comme le pay per view ou la vidéo. Et l’immaturité du marché de la diffusion sur internet ne les pousse pas à investir ce canal.L’issue doit-elle être législative ? ne directive européenne pourrait faire évoluer la législation sur les droits d’auteur. Mais cela ne peut se faire sans réunir sociétés et syndicats d’auteurs et de producteurs . Mais il faut arriver rapidement à une entente, sinon ce canal de distribution à faible coût sera investi majoritairement par les productions américaines.
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