Les fidèles l’attendaient depuis des mois, voire des années. Les rumeurs les plus folles couraient à son sujet. Les récentes difficultés financières de Leica, à la limite du dépôt de bilan en 2005, ont failli compromettre sa sortie. Les spécialistes vont maintenant pouvoir juger sur pièces et mettre fin aux spéculations, car le Leica M8 existe bel et bien. Il s’agit d’une réplique presque parfaite du fameux Leica M1 sorti il y a plus de 50 ans, à ceci près que ce nouveau modèle est entièrement numérique et qu’il dispose d’un capteur de 10,3 Mpixels. Le grand pari pour la prestigieuse firme allemande consistait à remettre au goût “numérique” les caractéristiques si particulières des premiers Leica, qui avaient su séduire les plus grands photographes, à commencer par Capa et Cartier-Bresson. En leur temps, ces appareils de reportage pas comme les autres avaient révolutionné la photo, en offrant une qualité d’image irréprochable dans un boîtier compact (l’heure était alors aux trépieds et autres soufflets !). Leur système de visée original et pratique a beaucoup contribué au succès et à la renommée de la marque. Les Leica utilisent en effet un télémètre, permettant une mise au point manuelle très rapide et précise, ainsi qu’un contrôle des éléments de la scène se trouvant hors cadre.
Copie conforme certifiée Leica
Les premiers Leica numériques n’avaient pas réussi à convaincre, car il leur manquait justement ce viseur télémétrique, remplacé par un “vulgaire” viseur électronique. Un vrai sacrilège pour les puristes ! Le luxueux M8 renoue non seulement avec le télémètre, mais il reprend le solide châssis métallique et la coque hermétique qui ont valu à ses prédécesseurs la réputation d’appareil incassable. Pas de doute, il s’agit bien de la vraie réincarcération numérique de la série M. Leica a même poussé le vice jusqu’à allouer au M8 le même poids et les mêmes dimensions que ses ancêtres, au millimètre près ! De face, il leur ressemble d’ailleurs à s’y méprendre. Pas de levier d’armement en revanche puisque l’obturateur de l’appareil est ici motorisé et qu’aucun film n’a besoin d’être entraîné. Notez que l’Epson RD-1, premier appareil numérique à télémètre, avait conservé cette commande archaïque, sans doute pour le style de l’ensemble. Leica a heureusement privilégié l’ergonomie. De dos, la présence d’un large écran trahit la nature numérique du M8, tout comme les nombreuses touches dédiés aux fonctions digitales. Pour le reste, on retrouve les mêmes commandes mécaniques qu’autrefois pour l’exposition et la mise au point. Ces deux réglages restent bien entendu totalement manuels, comme au bon vieux temps ! Un petit mode automatique n’aurait pourtant pas fait de mal, pensons aux débutants…
Tradition et modernité
L’appareil reste compatible avec la quasi-totalité des nombreux objectifs à monture M de la marque produits depuis 1954 et réputés pour leur “piqué” inimitable. Couplés au tout nouveau capteur de 10,3 Mpixels, ils devraient faire des merveilles. Celui-ci a spécialement été étudié pour ne pas compromettre le rendu des objectifs, grâce à l’adjonction d’un verre filtrant et de microlentilles placées devant chaque élément photosensible. La sensibilité du capteur peut être déplacée électroniquement entre 160 et 2500 ISO. Il faudra en revanche appliquer un coefficient multiplicateur de 1,3 à leur focale pour obtenir leur focale équivalente. Par exemple, un objectif de focale réelle 21 mm présentera un champ équivalent à un 28 mm. Ceci est dû à la taille du capteur (18×27 mm), inférieure à celle d’un film 24×36. Pour retrouver une gamme d’optiques adaptée, Leica présente conjointement deux objectifs grand angulaires de 16/18/21 mm et de 28 mm, utilisables avec tous les boîtiers M, argentiques comme numériques. Cependant, toutes les optiques de la marque possèdent désormais un codage numérique afin d’être reconnus par le Leica M8. Celui-ci peut alors optimiser automatiquement l’image en appliquant des corrections “personnalisées”, en particulier pour lutter contre le vignettage. Quand la tradition rencontre la modernité…
S’il se modernise, le Leica reste un luxe : le M8 est vendu 4200 € TTC, ce qui n’est au final pas si onéreux comparé aux modèles argentiques. Quant aux objectifs, ils restent également réservés à une élite fortunée : le 28 mm F:2.8 est disponible pour 1400 €, et le Tri-Elmar 16/18/21 mm est vendu 3200 € (3600 € avec le viseur dédié).
Les portefeuilles plus modestes pourront se tourner vers les trois autres modèles que présente Leica, qui sont en fait des déclinaisons quasiment à l’identique d’appareils Panasonic, marque partenaire. A part la couleur et le logo, le D-Lux 3 est une copie conforme du compact 16/9 Panasonic LX-2, tandis que le très bon bridge FZ-50 devient chez Leica le V-Lux-1. Même chose pour le Digilux 3 de Leica, largement inspiré du reflex à visée sur écran DMC-L1 de Panasonic.
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