Passer au contenu

La Hadopi se dit « désarmée » face à la complexification du piratage

Un état des lieux du piratage réalisé par l’autorité montre que les techniques de téléchargement illégal deviennent de plus en plus complexes. Face à ces nouveaux modes d’échange, la riposte graduée est impossible à appliquer, rendant de facto la Hadopi démunie.

Que peut faire la Hadopi face à la complexification du piratage ? Depuis sa création en 2009, la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet a notamment mis en place une riposte graduée concernant les échanges de fichiers illicites de pair-à-pair.

Mode privilégié d’échange dans la première moitié des années 2000, le « peer-to-peer » a depuis été un peu ringardisé par des nouvelles techniques : streaming, téléchargement direct, débrideurs, stream-ripping et ces dernières années l’IPTV distribuée via des boîtiers.

55 % des films dématérialisés sont piratés

Une étude réalisée par la Hadopi et la société de conseil EY présentée ce 22 janvier montre l’ampleur de ces nouveaux usages. Les trois plus gros acteurs du « direct download » en France (UpToBox, 1Fichier et Uploaded) sont fréquentés par un million de visiteurs par mois. 55 % des films et 50 % des séries dématérialisés consommés dans l’Hexagone sont piratés.

Et de nouveaux contenus se greffent à ceux plus traditionnels de la vidéo, de la musique ou des jeux vidéo. C’est par exemple le cas des contenus sportifs qui sont piratés à hauteur de 29 %. Un phénomène accentué par la multiplication des offres sportives (Canal+, BeIN Sports, RMC Sport) qui représentent un budget mensuel conséquent.

Une charte qui a atteint ses limites

Face à cet écosystème complexe mettant en relation hébergeurs, plateformes publicitaires, annonceurs, sites de référencement ou encore services d’agrégation, la Hadopi a bien tenté de mettre en place une charte en 2015. Régies et annonceurs s’engageaient alors à cesser toute relation commerciale avec des sites de téléchargement illégaux.

Si les acteurs reconnus du secteur ont joué le jeu, ne voulant plus associer leurs marques à ces sites à la réputation sulfureuse, d’autres n’ont pas hésité à les remplacer. Jeux en ligne, escroqueries, rencontres se sont finalement imposés, souvent grâce à des accords directs d’affiliation ou de publicité, mettant ainsi de côté les régies publicitaires traditionnelles.

« Ces sites pirates sont une hypocrisie »

« Nous sommes assez désarmés face à ces nouveaux services », reconnaît Pauline Blassel, secrétaire générale de la Hadopi. Légalement, la riposte graduée permise à l’autorité ne concerne toujours que les échanges pair-à-pair. « Nous aimerions que l’on reconnaisse à la Hadopi un pouvoir de caractérisation de ces sites. C’est une hypocrisie que ces sites pirates puissent être accessibles et toujours pas fermés. Il nous faut informer les consommateurs, impliquer les intermédiaires et faciliter l’office du juge. »

Cette étude résonne donc comme une sorte de plaidoyer de l’autorité pour voir ses compétences élargies, face à un piratage qui se complexifie et dont les acteurs – que ce soient les distributeurs ou les consommateurs – sont de plus en plus difficilement identifiables.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Sébastien Zanchi