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La guerre des standards du Web

Ils portent fièrement des noms et des blasons dignes des super-héros… Les Flash, Silverlight, HTML5 s’affrontent sans merci !

Autrefois, c’était simple, le Web était terne. Le texte bleu souligné sur fond gris formait le summum de l’interactivité. Désormais, ce que les internautes consultent en ligne, ce sont des vidéos en streaming ou des sites qui ressemblent à des logiciels. Mais voilà, la technologie sur laquelle est fondé le Web, le HTML, ne le permet pas.

Flash Player, le précurseur

Vers le milieu des années 1990, la société Adobe a donc développé Flash Player, un plug-in pour navigateur qui permet d’afficher des graphismes, de diffuser des flux audio et vidéo, d’accéder à des éléments du PC interdits au navigateur comme la webcam, le tout animé par un langage de programmation, l’ActionScript.Les webmestres se sont vite emparés de cette technologie qui leur ouvrait de nouveaux horizons. Quant aux éditeurs de navigateurs, ils se sont aussi alignés sur la demande des internautes, incluant le plug-in par défaut dans leur logiciel : c’est le cas de Chrome et d’Opera. La large acceptation de Flash s’explique facilement. Cette technologie permet aux internautes de consulter des sites riches. Et elle assure aux développeurs, avec un rendu identique, un développement unique quel que soit le navigateur ! Le succès a été tel que, selon une étude menée par NPD Group en juillet 2011, le plug-in est installé sur 99 % des PC américains ayant un accès à Internet. La pénétration au niveau mondial est sensiblement identique…Face à cet immense succès, Microsoft a sorti Silverlight en 2007. Il n’existe pas réellement de différence entre Silverlight et Flash pour l’internaute si ce n’est qu’il faut installer des plug-in différents pour l’un et l’autre ? et que Silverlight est indisponible sous Linux. Quoique largement inférieure à celle de Flash, la pénétration de Silverlight, proche de 65 %, est loin d’être anecdotique. Mais voilà, le socle technique du Web lui-même ne pouvait rester anté-diluvien.Le standard HTML avance, et sa version 5, dont la vocation est de répondre à toutes les problématiques du Web moderne, se développe à grands pas. Il s’agit d’un réel standard : une norme établie collectivement, suite à la publication et la rectification de nombreux articles publics, contrairement aux technologies Flash et Silverlight. Celles-ci ne sont en effet que des standards de fait, et restent les propriétés des sociétés créatrices.Du simple langage de balisage, axé sur la structuration sémantique et la forme des pages, le HTML passe dans sa version 5 à un tout autre niveau. Il se dote des éléments multimédias nécessaires : des balises audio et vidéo permettent d’incorporer directement films et musiques sans passer par un plug-in pour leur affichage. Mais surtout, il intègre de nombreuses spécifications nouvelles pour créer des interactions avec le langage JavaScript, compris nativement par les navigateurs : glisser-déposer, gestion des applications en mode déconnecté, dessins 2D et 3D… Bien sûr, Adobe et Microsoft, prêchant pour leurs paroisses, ont rapidement fait remarquer que la norme HTML5 ne serait réellement finie, au mieux, qu’en 2014. Puis ils ont, à raison, rappelé que le HTML5 ne réglerait de problèmes que pour les navigateurs modernes, si tant est qu’ils s’entendent tous sur la façon d’implémenter la norme.

Un développement difficile

Pour les internautes qui ne mettent jamais à jour leur navigateur, par choix, méconnaissance ou obligation due à une politique d’entreprise, cette nouvelle version du langage ne réglera rien. Et cela représente près de 50 % du parc des navigateurs installés… Sans oublier que Flash et Silverlight sont, pour les éditeurs de sites, des méthodes de développement, des outils qui possèdent de véritables atouts. Mais l’année 2011 a marqué une rupture : en janvier, l’organisme de standardisation du Web, le W3C, a décidé de rendre le HTML 5 plus attractif et compréhensible aux yeux du public. Un logo est apparu ainsi que des recommandations d’un nouveau genre : il n’est plus conseillé d’attendre la finalisation de l’ensemble de la norme pour l’adopter, celle-ci devant plutôt être comprise comme un ensemble de technologies.Puis, coup de tonnerre : Microsoft annonçait, en même temps que la version 8 de Windows, que les applications conçues pour son nouveau système d’exploitation seraient fondées sur le couple HTML 5 ? JavaScript. De son côté, Adobe, tout en continuant à faire avancer Flash, dont la version 11 vient de sortir, finit par s’aligner : ses outils de développement permettront maintenant de créer des animations en Flash… mais aussi leurs équivalents en HTML5 !Bref, Flash et Silverlight resteront forcément encore bien présents, ne serait-ce que pour assurer la compatibilité du Web avec les vieux navigateurs. Mais le vrai standard HTML 5, désormais bardé d’un blason de super-héros, semble avoir gagné la guerre.

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Stéphane Viossat