C’est la guerre entre les différents opérateurs de téléphonie mobile. Le sujet de la discorde : la tarification des appels à la seconde au lieu de la minute. Une bonne occasion de remettre les pendules à l’heure.
Vous n’avez pas pu y échapper ! Depuis plus d’un mois, l’opérateur de téléphonie mobile Orange inonde les rues, les pages des journaux et les téléviseurs d’une publicité au slogan aguicheur : ” Facturation à la seconde dès la première seconde “.Il faut dire que depuis les débuts de la téléphonie mobile en France, les opérateurs nous facturent les communications en tenant compte d’un palier incompressible d’une minute dès que l’on émet un appel à partir de son mobile. Et cela, même si l’appel ne dure que quelques secondes !En clair, chaque fois que, tombant sur un répondeur, vous raccrochez sans même laisser de message, votre forfait est débité d’une pleine minute. Selon L’Union française des consommateurs (UFC-Que choisir) près d’un tiers du temps d’appel souscrit dans un forfait peut ainsi partir en fumée.En plus, après une minute de communication, la durée est calculée par tranches de trente secondes. Ainsi, lorsque vous raccrochez après 61 secondes, votre forfait est débité d’une minute et trente secondes. Ce système de calcul douteux a été mis à mal par une décision du tribunal de grande instance de Nanterre en mai dernier. Les opérateurs étaient accusés de “publicité de nature à induire en erreur les consommateurs “.
Ce qui est écrit en tout petit…
Derniers opérateurs européens dans ce cas, ils arguaient qu’en échange certains services étaient gratuits ou moins chers qu’ailleurs. Mais en cette rentrée 2002, ils se sont tous mis progressivement à adopter le décompte à la seconde. C’est ainsi qu’Orange (49,3 % des parts sur le marché) a lancé son nouveau mode de tarification des communications le 15 septembre.Mais ses concurrents n’ont pas apprécié quelques lignes écrites en tout petit en marge de sa campagne de publicité. Elles indiquent que les appels passés vers les autres opérateurs seront surtaxés et comptabilisés en dehors des forfaits, au tarif de 0,002 euro la seconde, soit 7,2 euros (47 francs) de l’heure ! Abus de position dominante, estime Bouygues Télécom, qui a porté plainte le 6 septembre devant le Conseil de la concurrence.L’opérateur considère que l’application de cette surtaxe entraînera une augmentation des prix pour les consommateurs appelant régulièrement les réseaux Bouygues et SFR. Il réclame que le Conseil de la concurrence prenne des mesures conservatoires obligeant Orange à suspendre cette surfacturation.
Bientôt de nouvelles plaintes
Et c’est maintenant l’UFC-Que Choisir qui envisage, à son tour, de porter plainte contre Orange devant le Conseil de la concurrence, tout en égratignant d’ailleurs au passage les répliques de ses concurrents, qu’elle ne trouve pas forcément plus recommandables…