C’est une goutte d’eau dans l’océan de la cybercriminalité, mais la prise est symbolique à plus d’un titre. La compagnie de gendarmerie de Louviers (Eure) a mis un terme aux activités frauduleuses d’une dizaine de personnes sur
Internet. Organisés en réseau, les trafiquants commercialisaient via plusieurs sites dédiés (epifa.com, lordfoot.com, confidentiel.com) des chaussures de sport contrefaites.En mars 2006, c’est la découverte fortuite d’un catalogue suspect dans une voiture immergée dans la Seine qui a mis les enquêteurs sur la piste, rapporte l’AFP. ‘ La marchandise était commandée directement en
Chine et au fil du temps le réseau en était venu à réaliser un chiffre d’affaires de plusieurs milliers d’euros par jour, explique le chef d’escadron François de Périer, commandant de la compagnie de gendarmerie de Louviers. Au
début, les membres du réseau effectuaient de simples dépôts et des virements sur leur compte bancaire, puis certains ont décidé de créer une société. ‘Les responsables de l’organisation gagnaient plusieurs milliers d’euros par mois. Et, selon l’AFP, l’argent dégagé par ce trafic était consacré à l’achat de produits de luxe ou était investi dans des sociétés
offshore, ou bien encore dans des biens immobiliers en France, en Espagne et au Liban.Aujourd’hui mises en examen pour blanchiment d’argent, contrebande de marchandises prohibées, contrefaçon, faux et usage de faux en bande organisée, les personnes interpellées encourent, outre la confiscation des biens concernés,
382 000 euros d’amende et 10 ans de prison. Mais cette opération, malgré son incontestable succès, n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Revente de listes de sites sur Internet
‘ La vente de contrefaçons sur Internet a pris des proportions phénoménales, commente Katrina Senez, responsable de la protection des marques à la Fédération des industries du sport et des loisirs
(Fifas). Nous avons affaire à des structures très organisées qui n’hésitent plus à mettre dans la boucle, c’est-à-dire à engager comme “revendeurs locaux” des personnes en grande difficulté (des étudiants, des chômeurs, ou
des allocataires du RMI), qui, moyennant quelques milliers d’euros par mois, vont écouler de la marchandise contrefaite sur des sites comme eBay (…). ‘
Selon elle, on trouve même des sites qui, pour 29 euros,
proposent aux internautes de leur vendre une liste de sites où ils pourront trouver des contrefaçons et le cas échéant démarrer leur petit business frauduleux sur Internet.Pour Marc-Antoine Jamet, président d’Unifab (Union des fabricants pour la protection internationale de la propriété intellectuelle), l’irresponsabilité et l’impunité qui caractérisent les grands sites d’enchères en ligne sont
parfaitement inadmissibles. ‘ Quand on regarde le top des ventes de certains sites, parfois, sur les dix meilleures, huit d’entre elles concernent de la contrefaçon, c’est dire l’ampleur du phénomène, explique-t-il.
On ne peut pas durablement impliquer des hébergeurs sur des dossiers comme le nazisme et la pédophilie, et continuer à les déresponsabiliser et à les mettre hors de cause dès qu’il s’agit de contrefaçon. ‘
La contrefaçon aux mains des triades
Le président d’Unifab pointe plus particulièrement du doigt la Chine, pays à l’origine d’une grande partie du commerce mondial de la contrefaçon, où les filières sont contrôlées par des consortiums industriels liés à des cadres
corrompus du PCC (Parti communiste chinois) ou bien par les triades, des organisations criminelles très actives surtout dans les régions de Canton et de Shenzhen.En France, au sein du ministère de l’Economie et des Finances, une structure, le Tracfin, est chargée de combattre ces nouvelles formes de criminalité. Selon Marc-Antoine Jamet, cette cellule de renseignement financier traiterait
aujourd’hui une cinquantaine d’affaires liées à des paiements par carte bancaire pour l’achat de contrefaçons en ligne.
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