Il y a une semaine, neuf telecom et Cegetel publiaient
les bans de leur mariage. La naissance de ce grand pôle face à France Télécom, même si elle n’est pas encore effective, suscite déjà de vives réactions chez ses concurrents directs.
La conséquence la plus immédiate porterait sur les prix des télécommunications, et plus spécifiquement dans le haut-débit.La plupart des acteurs pensent que cette fusion va en effet donner un coup de frein à la bataille tarifaire qui a sévi dans l’ADSL durant toute l’année 2004 et le début 2005. D’autant qu’elle intervient après
un autre rachat, celui de Tiscali par Telecom Italia le mois dernier. ‘ Il est bon que le marché se consolide, car il y avait de la destruction de valeur avec
toutes ces baisses de prix successives. Neuf telecom et Cegetel étaient parmi les plus actifs dans ce domaine. Cette fusion enlève de fait un fournisseur sur le secteur ‘, considère Marie-Christine Levet, PDG de
Club-Internet. Selon elle, on peut donc envisager ‘ un ralentissement de la guerre des prix ‘.Jean-Louis Constanza, directeur général de Tele2 France, effectue la même analyse. ‘ Il y aura un impact. La concurrence sur le marché résidentiel était intense. Les prix ne devraient plus vraiment baisser. La
fusion va aider le marché à se stabiliser. ‘D’autres vont plus loin. C’est le cas de Christophe Carel, PDG de Nerim, un FAI focalisé sur la clientèle professionnelle, qui pense lui que les fiançailles entre deux anciens concurrents pourraient même marquer à terme une hausse des
tarifs. ‘ Entre neuf telecom et Cegetel, c’était la “bourre”. La remontée des prix est inéluctable. Pour ce faire, ils pourront mettre fin aux tarifs promotionnels pendant une période donnée, ou baisser les prix
de certaines options, sur lesquelles la marge est bonne, tout en augmentant les prestations de base. ‘
‘ Un monopole du dégroupage ‘
Fusion ou pas, la stabilisation des prix de détail semblait inéluctable : ‘ Le marché est aujourd’hui malsain, ajoute Christophe Carel. Les opérateurs sont condamnés à des
pertes. ‘ En revanche, la fusion va, en elle-même, changer le visage du marché du haut-débit.En effet, neuf telecom et Cegetel sont les deux seuls opérateurs à concurrencer France Télécom sur le marché du dégroupage. Les FAI comme Club-Internet, Tele2 ou AOL leur achètent des accès ADSL qu’ils revendent à leurs propres clients.
Free et Telecom Italia pratiquent aussi le dégroupage de lignes mais uniquement pour leur propre compte. ‘ Dans la revente haut-débit en gros, on assiste à la mise en place d’un duopole, avec France Télécom d’un côté et Neuf
Cegetel de l’autre. La concurrence dans les prix de gros du dégroupage n’existera plus et il va devenir difficile de discuter avec la nouvelle entité. Vu que sa création répond à une logique financière, Neuf Cegetel pourrait augmenter ses
tarifs ‘, considère Christophe Carel.Pour Marie-Christine Levet, on peut même parler de ‘ monopole du dégroupage ‘.
‘ Cette fusion valide notre choix d’investir dans notre propre réseau de dégroupage et
de devenir plus indépendants. En revanche, des acteurs sans réseau comme AOL sont en première ligne. Nous travaillerons encore avec Neuf Cegetel dans certaines zones, mais dans les grandes villes, nous aurons nos propres
infrastructures ‘, estime Marie-Christine Levet. Club-Internet annoncera le 7 juin son plan d’investissement en France en matière de dégroupage, sous l’égide de sa maison mère Deutsche Telekom.
‘ Construire un réseau et le garder à niveau implique des investissements énormes. Le jeu va se jouer entre grandes sociétés, avec des actionnaires solides. ‘ Tele2, lui, se félicite d’avoir finalisé un
contrat de prestation haut-débit pour dix ans avec son fournisseur neuf telecom, juste avant l’annonce de la fusion. ‘ Nous sommes couverts. Et plus neuf telecom se renforce, mieux c’est pour nous ‘,
indique Jean-Louis Constanza.Chez Nerim, client de neuf telecom pour des lignes dégroupées, on pense qu’il est ‘ un peu tôt pour s’inquiéter ‘. Selon Christophe Carel, ‘ le temps que neuf telecom
et Cegetel digèrent leur fusion, nous avons encore un sursis. Et comme notre clientèle est professionnelle, nous avions déjà des tarifs un peu plus élevés. Il sera plus aisé de les conserver. Nos baisses de prix ont toujours été
raisonnables ‘. Le PDG de Nerim en appelle néanmoins à l’Autorité de régulation des télécommunications pour imposer au futur Neuf Cegetel ‘ une certaine régulation ‘, vu son
poids dominant dans le monde de l’accès. ‘ Cest une solution ‘, reconnaît pour sa part Marie-Christine Levet.
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