Peter Molyneux est un génie. C’est lui qui a inventé ce que l’on appelle les god games, ces jeux de stratégie et de gestion dans lesquels on préside à la destinée d’un peuple entier. Populous,
c’est lui. Dungeon Keeper, c’est lui aussi. Ainsi que PowerMonger, Syndicate, Magic Carpet et Theme Park. Ce type est un dieu vénéré de tous les
gamers.De son côté, David Perry est sans doute l’un des créateurs de jeux vidéo les plus connus au monde. S’il n’a pas vraiment innové, ni dans le type de jeu, ni dans la manière de jouer, ni dans l’ergonomie, on lui doit quelques uns des plus
gros succès commerciaux de l’histoire du jeu, dont la série des Earthworm Jim, celle des MDK, ou encore les récents Wild9 et Messiah. Cet homme là sait comment faire
des jeux qui plaisent.Tous deux sont entrés dans la légende du jeu vidéo grâce au PC. Et voilà qu’ils veulent l’abandonner au profit des consoles de jeux.Peter a été le premier a ouvrir le feu. Dans une interview accordée à notre confrère anglais
PC Zone
à la fin du mois de mai, il expliquait ainsi sa décision : “Depuis cinq ans, le PC était la meilleure machine pour jouer,
meilleure même que les consoles. Mais maintenant, une nouvelle génération de consoles arrive, et je pense qu’elles seront suffisamment puissantes pour rivaliser avec le PC. De plus, il est difficile d’être toujours au top sur PC, car ce format
évolue sans cesse.”
Bref, Black & White (qui, soit dit en passant, est sans doute le jeu le plus attendu de cette dernière décennie…) sera le dernier jeu que Lionhead Studios développera spécifiquement pour le PC. À l’avenir,
Lionhead concentrera son énergie sur les jeux pour consoles, et les adaptera éventuellement sur PC.Même son de cloche pour David, qui n’a pas tardé à
réagir. Et à enfoncer le clou. “Il est fort probable que Sacrifice soit le dernier jeu que nous développions sur PC.
Comme Peter, nous cherchons plutôt à concevoir des jeux pour de plus gros marchés, sur des machines plus stables.”Sur ce dernier point, au moins, le fondateur de Shiny Entertainement a raison : considérez les différentes versions de Windows et de DirectX, la quantité de RAM, les multiples cartes graphiques à prendre en compte… et vous
obtenez des centaines de configurations PC différentes, avec lesquelles il faut être compatible. Au moins, sur console, on ne se pose pas ce type de questions !Mais ce qui apparaît clairement, c’est que de créateurs, nos deux génies se sont mués en businessmen. Eux qui clamaient haut et fort (et avec raison !), que le jeu vidéo était un art, que tous les concepteurs étaient des artistes, ne
penseraient-ils plus qu’en termes de rentabilité et de profit ? Je nose me résoudre à y croire.Ils reviendront.Prochaine chronique le mardi 11 juillet
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