Les industries de haute technologie sont en train de manger leur pain noir. Cette situation est d’autant plus durement ressentie qu’elle succède à des années fastes. L’environnement est difficile pour les grandes entreprises. Il est dramatique pour les start-up qui ferment leurs portes en grand nombre. Ce retournement de conjoncture intervient à un moment charnière dans l’histoire économique française. La France n’est pas une terre d’entrepreneurs. Les “élites” françaises ont longtemps préféré l’administration ou les grandes entreprises au métier ardu d’entrepreneur. Avec pour conséquence que, face à la pépinière d’entreprises de technologie que sont les États-Unis, la France ne peut aligner que de trop rares succès comme Gemplus ou Business Objects. L’Hexagone ne manque pourtant pas de talents et dispose d’un système éducatif de premier ordre.
Entreprendre, une vocation
Lors de l’éclatement de la bulle financière, la France était le témoin d’une explosion des vocations d’entrepreneurs, un engouement dopé par un environnement financier favorable. Le seul véritable enjeu de la bulle internet et des capitaux qui y ont été engloutis est de savoir si cet engouement fera prendre pied en France une culture vivace et pérenne de la création d’entreprise. Cet enjeu dépasse, et de très loin, le destin individuel de telle ou telle jeune pousse médiatisée.Alors, me direz-vous, que faut-il donc faire pour raviver la flamme ? En tant que dirigeant d’une jeune entreprise de croissance, ne suis-je pas idéalement placé pour articuler les difficultés auxquelles elles font face, et pour dresser la liste des aides dont elles ont besoin ? La réponse à cette question est loin d’être aussi simple qu’il y paraît.À l’époque où je travaillais dans la Silicon Valley, j’ai souvent été frappé par la disparité entre environnements français et américain de créations d’entreprise. L’entrepreneur français jouit d’une protection sociale étendue ; il a la garantie de retrouver un emploi dans son entreprise précédente en cas d’échec ; il bénéficie du soutien financier de l’État, sous forme d’aides à la création d’entreprise et à l’innovation.Des avantages dont ne peuvent que rêver les Américains. La taxation des BSPCE (Bons de souscription de créateurs d’entreprises) et le statut fiscal des FCPR (Fonds communs de placement à risque) sont favorables. La rigidité des règles qui encadrent le marché du travail est pénalisante pour les start-up, mais le système reste globalement compétitif. L’État, conscient du rôle de la création d’entreprise dans la santé à long terme d’une économie moderne, est passé par là.C’est oublier qu’un environnement favorable, avant d’être fiscal et social, est d’abord et avant tout un écosystème propice par ses valeurs : le premier facteur dans la création d’entreprises, c’est la reconnaissance accordée par la société dans son ensemble à l’entrepreneur.
Valoriser ceux qui ont osé
Les aspirants entrepreneurs seront d’autant plus déterminés à tenter l’aventure qu’ils sauront qu’en cas d’échec, leur expérience et leur courage seront valorisés et non sanctionnés. Quand la société valorise l’acte d’entreprendre, cela se ressent dans tout le corps social, jusqu’aux universités ?” c’est le cas outre-Atlantique ?” qui intègrent la création d’entreprise dans leur curriculum.Les grands problèmes de société ?”et la création d’entreprise en est un, à l’évidence ?” se règlent rarement par décret. Ce sont également les problèmes que les sociétés peuvent le moins se permettre de ne pas résoudre.* président dAssurland.com
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.