L’affaire est entendue. La France va tenir ses objectifs d’apporter le Très Haut Débit (THD, au moins 30 Mbit/s de débit) à tous d’ici 2022, comme l’ont assuré les industriels du secteur et les élus lors de l’Université d’été du THD qui s’est tenue cette semaine à Marcq-en-Baroeul. Mais quelle va être la suite de l’histoire ?
L’idée d’aller plus loin se pose désormais, avec en ligne de mire le rêve de rendre la fibre optique accessible à tous les foyers, d’autant que la Commission européenne appelle de ses vœux la société du Gigabit pour 2025. Or la technologie du FttH paraît la plus appropriée pour atteindre un tel débit.
Du côté des élus, des voix s’élèvent dans ce sens au nom de l’égalité technologique. Leur chef de file, c’est le sénateur et président de l’Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel), Patrick Chaize, qui défend ce principe avec passion.
« On a apporté l’eau et l’électricité aux maisons les plus isolées et on arriverait pas à déployer la fibre optique ? », s’emporte-t-il. « Pourquoi les citadins auraient plus le droit que les ruraux à cette technologie ? C’est une question d’égalité des chances ! Et peut-être que celui qui habite à la montagne dans une zone difficile d’accès a encore plus besoin de la fibre que celui qui habite à Paris ! », avance-t-il.
Il restera 3 millions de lignes à financer en 2022
Fin 2022, 20% de la population ne sera toujours pas éligible à la fibre optique. Elle aura alors à sa disposition du cuivre ou le fameux « mix technologique » reposant à la fois sur du satellite, du THD radio et des box 4G. Or, ces technologies ont toujours été présentées comme des moyens palliatifs et temporaires d’accéder au Très Haut Débit. Le THD radio ne disposera ainsi pas de ses fréquences éternellement puisqu’il utilise des ressources attendues dans la 5G. Il devrait même les perdre dès 2026.
Le problème, c’est que le gouvernement s’est toujours arrangé pour rester vague sur la suite des événements, évitant soigneusement de promettre la fibre pour tous. L’Etat a doté le guichet des Réseaux d’Initiative Publique de 3,3 milliards d’euros de subvention mais le guichet a été fermé. Or la fédération des industriels de la filière, Infranum, estime qu’il restera à cette date 6,5 millions de bâtiments à raccorder. Sur ce total, la moitié environ a déjà trouvé un financement. Resteront trois millions de lignes considérées comme les plus difficiles à tirer parce que les plus isolées.
« Il faudrait que l’Etat participe à hauteur de 600 millions d’euros. Sachant qu’il restera de l’argent sur les 3,3 milliards avancés initialement, cela semble tout à fait réalisable », a avancé le président d’Infranum, Etienne Dugas, lors d’un point presse. Il milite ainsi pour la réouverture du guichet. « Ce n’est pas un problème financier, c’est une question de volonté politique », martèle-t-il.
Les industriels et les élus ne sont pas les seuls à soulever le problème. Le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, a reconnu qu’il était temps que le gouvernement clarifie sa position. « Il faut qu’on ait une discussion technique pour définir nos ambitions », a-t-il prévenu lors de son intervention à l’Université d’été du THD. La balle est désormais dans le camp du ministre chargée de la ville et du logement, Julien Denormandie.
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