” Grande société française cherche ingénieur compétent en programmation pour 40 euros de l’heure.” Cette petite annonce pourrait prêter à sourire si elle était passée dans la presse française, un ingénieur loué par une société de services étant aujourd’hui facturé près de 80 euros par heure. L annonce en question est cependant des plus sérieuses, à ceci près qu’elle ne s’adresse pas au marché français, mais au marché indien. Elle s’inscrit dans le cadre de l’offshore programming, une pratique qui vise à réaliser des développements informatiques à l’étranger. Largement adoptée aux États-Unis, elle y représentera 17 milliards de dollars en 2005, selon l’institut IDC. Mais, en France, la sous-traitance offshore n’est pour l’instant que peu pratiquée. Selon une enquête menée par l’hebdomadaire 01 Informatique auprès d’une centaine de directeurs des systèmes d’information, seulement 7 % des projets informatiques français seront confiés à des prestataires étrangers… dans deux ans. On reste bien loin des prévisions astronomiques habituelles.
Attention, coûts cachés !
Pourtant, la crise pourrait changer la donne. “En 2001, 86 % des grandes entreprises mondiales ont coupé dans leurs dépenses informatiques. Mais toutes ont poursuivi leurs investissements offshore”, note le cabinet Forrester Research. But de la man?”uvre : réduire les coûts. Car, d’ordinaire, il est possible d’économiser près de 50 % de la masse salariale. “Mais, prévient Stéphanie Moore, du cabinet de conseil Giga Group, il faut retrancher de 5 à 20 % sur les gains annoncés par les prestataires offshore, en raison des coûts cachés.” En effet, l’emploi de programmeurs étrangers nécessite d’abord de spécifier exactement le projet à développer, ce qui prend du temps et représente un montant à ne pas négliger. Et, de façon plus pratique, les salariés de l’entreprise cliente devront aussi travailler plus tard la nuit s’ils doivent communiquer avec leurs homologues indiens.L’économie du recours à l’offshore serait toutefois bien réelle… à condition que le projet ne capote pas en court de route. Pour éviter cela, les acteurs du secteur déconseillent absolument l’établissement d’un contrat avec une société étrangère, au profit d’une entreprise située sur le sol hexagonal, c’est-à-dire soumise au droit français. C’est elle qui gérera les relations avec les programmeurs étrangers, via un chef de projet installé localement. C’est aussi contre elle que se retournera le client en cas de pépin.Quel pays choisir pour externaliser son développement informatique ? Chaque contrée dispose de ses compétences propres, mais l’Inde, numéro 1 mondial de l’off-shore programming ?” en 2001, ce secteur y représentait près de 3,6 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) de chiffre d’affaires ?”, dispose de sérieux atouts. On y trouve près des deux tiers des entreprises bénéficiant de la “certification au plus haut degré”, établie par le Software Engineering Institute, qui définit au niveau mondial des modèles de programmation. Les trois principales sociétés de service du pays sont Tata Consulting Services, Infosys et Wipro Systems. Ce dernier s’est installé en France, il y a six mois. “Nous réalisons 500 millions de dollars de chiffre d’affaires au niveau mondial, la moitié en conception technologique (micro-processeurs, systèmes d’exploitation, etc.) et l’autre en entreprise (développement de solutions e-business, de gestion de la relation client, etc.)”, explique You Mishima, branch manager de Wipro France.
Maghreb et Europe de l’Est
Après le développement, sa société s’étend maintenant à l’administration et à la supervision de serveurs à distance. Mais elle reste éloignée des mainframes (les super-ordinateurs), les développeurs indiens n’ayant jamais eu accès à ces machines. D’autres pays se développent aussi fortement : le Maghreb, pour les centres d’appel, ou les pays de l’Est. Et le prochain “réservoir” de talents se trouve en Chine. Si bien que des sociétés de services nées en Inde prévoient de s’y installer pour y recruter des programmeurs… et réduire encore leurs coûts !
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