” Le PC est mort.” Il y a trois ans, cette prophétie de Cassandre orchestrée par Lou Gerstner, patron d’IBM, faisait beaucoup rire Compaq, Gateway et les autres. Force est de constater qu’il avait raison. Le monde a changé. Le centre de gravité de l’informatique s’est déplacé du poste de travail vers le réseau et les serveurs intermédiaires. Résultat, les stars de la micro des années 90 sont au plus mal en ce nouveau millénaire.Le Pentium a atteint 2 GHz, DOS a été enterré par Windows XP, mais rien n’y fait. Les ventes sont en chute libre. Pour la première fois aux Etats-Unis, il s’est vendu moins d’ordinateurs d’une année sur l’autre. D’autant que la notion même de poste de travail a changé : avec le développement des réseaux sans fil, les portables et les assistants personnels sont devenus autant de clients des applications en réseau. De ce fait, les entreprises préfèrent cibler leurs déploiements.L’année 2001 aura donc été celle de tous les dangers pour l’ensemble des constructeurs, sauf pour Dell. Son modèle de vente en direct et sa gestion orfèvre de la chaîne logistique lui ont permis de ravir à Compaq, dès le mois de mars, la position de leader tant des PC et portables que des stations de travail.
En France, le ralentissment est attendu pour 2002
Pour enfoncer le clou, Dell s’est même lancé dans une politique de la terre brûlée. L’objectif : jouer la guerre des prix à outrance pour asphyxier ses concurrents. Et la stratégie a payé. Dell n’a cessé d’accroître sa part de marché de trimestre en trimestre. Pendant ce temps, les concurrents souffrent… terriblement.Micron et eMachines, deux fabricants ?”uvrant exclusivement aux Etats-Unis, ont jeté l’éponge pour se vendre au plus offrant. Gateway n’a cessé de multiplier les résultats catastrophiques pour finir par fermer toutes ses filiales hors des Etats-Unis. Pour l’heure, la France s’est vue épargnée avec une croissance qui pourrait atteindre 16 % cette année, selon GFK. Mais le ralentissement est attendu dès l’année prochaine.Dans une industrie sinistrée, le mot d’ordre est désormais : ” Tenir en attendant des jours meilleurs “. Alors, faute de gagner plus, tous essaient de dépenser moins. Les licenciements et les réorganisations se sont multipliés toute l’année chez l’ensemble des constructeurs. La consolidation du marché est désormais en marche. Dans un mouvement insensé, HP s’est engagé à racheter Compaq ?” un rachat dont la seule logique est de réaliser des économies d’échelle. Et ce n’est, apparemment, que le début de l’hécatombe. Gartner estime ainsi que, d’ici à 2005, l’un des cinq grands fabricants de PC devra abandonner le marché. Les paris sont lancés.
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