Cette année, le printemps est en avance dans la Silicon Valley. Les premières vraies bonnes nouvelles sont apparues au cours de la seconde semaine de mars. Des faits, et non plus des analyses ou des prévisions. Et comme les cerisiers sont en fleurs, Mike Cassidy, chroniqueur au San Jose Mercury News, a célébré “la floraison de l’optimisme” en s’appuyant, fidèle à la tradition locale, sur la capacité d’innovation de l’État de Californie.
Le retour du brocoli en ligne
Signe positif s’il en est, le secteur de l’épicerie en ligne a accueilli un nouveau venu dans la Silicon Valley. On se souvient du battage fait autour de Webvan, qui avait réuni 800 millions de dollars (907 millions d’euros) pour révolutionner la distribution avant de fermer ses portes. La nouvelle e-épicerie émane du groupe Safeway. Elle reprend un concept rodé et éprouvé depuis 5 ans par le Britannique Tesco, auquel la chaîne de supermarchés la mieux installée en Californie s’est d’ailleurs associée. Les livraisons partent des magasins existants, où des vendeurs munis d’un ordinateur portable arpentent les rayons en lieu et place des internautes. Safeway compte donc sur son infrastructure, ses achats de masse et la notoriété de sa marque pour gagner de l’argent en ligne.Autre signe tangible, Invision, une entreprise spécialisée dans la sécurité, a rendu publique la signature d’un contrat de 170 millions de dollars pour fabriquer 400 détecteurs d’explosifs dans les bagages. Des machines destinées aux aéroports, qui illustrent l’incidence du climat de guerre dans le redémarrage de la Silicon Valley. Quelques semaines plus tôt, on avait appris que les investissements en capital-risque avaient recommencé à croître au quatrième trimestre 2001, renversant la tendance à la baisse constatée depuis le troisième trimestre 2000. Selon le Money Tree Survey de Pricewaterhouse Coopers, ces chiffres indiquent que “le climat économique et psychologique commence à s’améliorer”. Au total, 36,5 milliards de dollars ont été versés par les capital-risqueurs en 2001, soit le double de ce qu’ils avaient placé en 1998. Un gâteau dont la Valley s’est arrogé quelque 35 %. En termes sectoriels, l’industrie du logiciel a mobilisé près de 23 % du total, devant les infrastructures et réseaux (14 %) et la biotechnologie (14 %). C’est d’ailleurs ce dernier secteur qui croît aujourd’hui le plus vite. Mais, à l’inverse, plus personne ne semble croire au B to C.Pourtant, ces signes avant-coureurs restent fragiles : la SIA, qui réunit les grands acteurs américains de l’industrie des semi-conducteurs, a annoncé que les ventes de microprocesseurs avaient été 40 % plus faibles en janvier dernier qu’un an auparavant. Mais pour le groupement, le pire est passé. Le dernier trimestre de l’année devrait même révéler un gain de 20 % par rapport à l’automne 2001.
Un léger mieux après le pire
Le 7 mars, Intel, Sun Microsystems et National Semi Conductors (NSC), trois entreprises de matériel informatique dont le siège se situe au c?”ur la Silicon Valley, ont publié des résultats financiers prometteurs. NSC enregistre une perte inférieure aux prévisions, ce qui, vu le contexte, peut être considéré comme une bonne nouvelle. Sun, qui perd de l’argent depuis trois trimestres, continue de remonter la pente et devrait renouer avec les profits en juin. Intel, pour sa part, annonce des bénéfices en hausse de 1,4 % par rapport au premier trimestre de l’an dernier.
Détruire pour reconstruire
Par ailleurs, l’incertaine fusion entre Hewlett-Packard (HP) et Compaq est peut-être l’illustration la plus évidente des affres de la “destruction créatrice”. HP symbolise la “vieille” Valley, celle des garages où l’on inventait de nouveaux produits, “une époque pendant laquelle l’innovation véritable, le travail honnête et la préoccupation pour ce qui se situe au-delà de sphère immédiate d’intérêts faisaient partie de la mission des entreprises”, se souvient avec nostalgie l’analyste Dan Gilmor. Mais, pas plus que d’autres pôles de croissance, la région de San Francisco ne peut échapper aux froids calculs financiers.En écho à ces premiers signes positifs, Alan Greenspan, président de la Fed, la banque centrale américaine, vient de livrer son analyse : le redémarrage est, pour reprendre ses propres termes, “bien parti”. En témoignent notamment la réduction du chômage, les gains en matière de productivité enregistrés sur les trois derniers mois de 2001 (5,2 %) et le fait que passé le bref affolement de la mi-septembre, les consommateurs n’ont plus donné de signe sérieux de panique outre-Atlantique. Mais loin d’anticiper une croissance de 7 %, typique d’une sortie de récession, le patron de la Fed estime que la richesse nationale ne devrait progresser que de 2,5 % ou 3 %. Une croissance modeste. Ce qui est rare dans la Valley.* à San Francisco
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