A un millier de francs le mètre de fibre optique enfouie dans une tranchée (travaux compris), le raccordement direct des entreprises aux quelques dizaines de réseaux métropolitains (MAN) français est hors de prix. Au-delà de 150 m, l’opérateur ne s’y retrouve que dans des contextes très particuliers. Par exemple, lorsque le chiffre d’affaires généré est très important, ou si le client souhaite raccorder plusieurs de ses sites, dont la plupart sont à proximité du MAN. Mais le kilomètre constitue alors une limite presque absolue.Ce constat remonte déjà à quelques années. Depuis, les coûts n’ont pas sensiblement baissé parce que les besoins n’ont pas explosé au point de rendre la fibre indispensable. Mis à part les prestataires d’hébergement, bien peu d’entreprises expriment, en effet, le désir d’atteindre les débits offerts par ces types de liaisons, qui vont jusqu’à 155 Mbit/s, dans le cadre d’offres standards. Pour autant, ces besoins continueront à augmenter, alors même que la boucle locale radio (BLR) et le DSL se heurteront à des limites incontournables. D’aucuns estiment que les applications les plus exigeantes sont d’ores et déjà connues, dont le Streaming video. Or, disent-ils, les progrès des algorithmes de compression permettraient de s’accommoder de la paire de cuivre ou de la BLR. D’autant que cette dernière montera au-dessus des 8 Mbit/s symétriques, tandis que le VDSL et l’agrégation de paires de cuivre, en SDSL, offrent encore des marges de man?”uvre.Mais les réseaux optiques passifs, ou Passive Optical Networks (PON), apporteront une partie de la solution. Leur principe consiste à transmettre, à partir de points de présence judicieusement répartis, les mêmes données à tous les sites de la zone, généralement selon une topologie étoilée ou arborescente, mais aussi selon une architecture de type bus ou anneau. Ce mode Broadcast est complété par une technologie de chiffrement de type RPV, autorisant chaque site à accéder seulement aux données le concernant.
S’affranchir d’équipements actifs très onéreux
Les PON permettraient ainsi de s’affranchir des très onéreux équipements actifs de type SDH ou ATM, qu’il faut actuellement installer pratiquement pour chaque raccordement, et dont les reconfigurations génèrent d’importants coûts d’administration. C’est en 1995 qu’est apparue la première technologie de PON, alors appliquée au transport de cellules ATM. Elle a rapidement été standardisée par un groupe de fournisseurs sous le nom de FSAN (Full service access network), technologie que l’UIT (Union internationale des télécommunications) a élevée au rang de norme à partir de 1998. Aujourd’hui, plusieurs constructeurs ?” dont Alcatel et Lucent Technologies ?” proposent des offres, et, dans l’Hexagone, France Télécom et Completel ont procédé à des évaluations. “Une solution FSAN nous aurait permis de partager une même fibre du backbone pour plusieurs liens de distribution, ce qui aurait représenté une économie réelle, mais relative, au regard du coût incompressible des travaux”, explique Éric Assaraf, vice-président ingénierie et développement produits chez Completel.Mais il n’est pas forcément judicieux d’aller en ATM jusqu’à des sites irrigués en Ethernet.Forte de ce constat, la société américaine Alloptic s’est faite, depuis l’an 2000, le chantre d’une technologie de PON appliquée au transport de trames Ethernet ?” avec un débit pouvant aller jusqu’au gigabit par seconde ?” moins coûteuse et plus simple à mettre en ?”uvre que les solutions FSAN. Elle est étudiée, au même titre que FSAN, au sein d’un groupe de l’IEEE baptisé Ethernet in the First Mile (EFM), auquel participent les principaux acteurs des réseaux. Aucun opérateur français ne semble, pour l’instant, s’y intéresser.Si les PON ne réussissent pas à produire seuls le miracle, un autre facteur de baisse des coûts sera apporté par la densification des MAN. S’ils ont d’abord été déployés pour irriguer les centres d’affaires et le c?”ur de quelques métropoles, ils visent de plus en plus à concentrer les flux générés par le dégroupage et par la BLR. D’ici à 2005, les Kaptech, LDCOM et autres WorldCom vont donc considérablement étendre leur couverture géographique, et créer ainsi les conditions d’une possible migration vers une boucle locale en fibre.Enfin, les réseaux câblés de TV ont surtout visé les particuliers. Aucun opérateur ne ciblait les entreprises, excepté les toutes petites structures.
La desserte à hauts débits des entreprises
La raison ? Les infrastructures leur interdisent de garantir des débits. Ceux-ci sont en outre asymétriques et limités à 128 kbit/s dans le sens montant et à 512 kbit/s dans le sens inverse. L’implémentation de la norme Docsis pourrait toutefois permettre de réserver de la bande passante selon le profil de l’utilisateur. Certains opérateurs parlent de l’utiliser pour cibler de petites entreprises. Les fibres optiques, qui irriguent de plus en plus les réseaux câblés de dernière génération, pourraient aussi servir à la desserte à hauts débits des entreprises.
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