En vérité, je vous le dis, Ananova, la présentatrice virtuelle de JT (journal télévisé), est l’avenir du journalisme. On m’objectera bien sûr que le JT d’Ananova est à l’information ce que la poupée gonflable est à l’amour. Les gens sont injustes. Contrairement aux modèles standards, Ananova peut en effet travailler 365 jours par an sans revendiquer l’application de la loi des 35 heures. Elle ne s’absente jamais parce que sa fille est souffrante. Elle ne réclame jamais d’augmentation de salaire. Son patron peut la virer pour faute grave sans qu’elle proteste.Ananova est un fantastique progrès social. Ananova ne sent pas des pieds, elle n’a pas le vin mauvais, elle n’emmerde personne avec ses cigarillos ou son régime alimentaire au restaurant, son téléphone portable ne sonne pas à tout bout de champ. Voilà des qualités appréciées de ses collègues. Au boulot, Ananova est irréprochable. Le plus violent bombardement ne l’émeut pas. Quand elle interroge un homme politique, au moins, elle n’a pas dîné avec lui la veille. Ananova trace la voie de la déontologie absolue. La presse poubelle peut lui prêter toutes les liaisons possibles sans risque de procès. Et en toutes circonstances, Ananova reste plus belle que mon robot-marie malgré leur évidente parenté génétique.Je vois bien entendu arriver lobjection ultime : Ananova a-t-elle une âme ? On se demande vraiment à quoi ça lui servirait. Posez la question à PPDA.Pour en savoir plus : www.ananova.comChronique parue le 13 mai 2000
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