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La facturation des services mobiles, seule rescapée du salon UMTS 2002

UMTS 2002 vient de fermer ses portes au CNIT de Paris La Défense. Dans un salon qui brilla par l’absence de fournisseurs d’infrastructures ou de terminaux UMTS, les outils de facturation des services mobiles tenaient le haut du pavé.

Alcatel, Siemens, Nokia, Ericsson, Motorola, Nortel Networks aux abonnés absents… La liste des équipementiers ayant boudé le salon UTMS 2002 en dit long sur l’état de ce marché.” Je crois toujours à l’UMTS. Le tout est de savoir quand ça va démarrer. Je ne vois pas de développement fort du marché de l’UMTS avant la fin de l’année 2004 “, confirmait, hier sur LCI, Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel.De fait, hormis quelques fournisseurs de services très spécialisés, le discours des exposants d’UMTS 2002 se focalisait sur le ” haut ” du marché, les usages (MMS, transmission d’images fixes), plus que sur le ” bas ” (les types de réseaux mobiles utilisés).Comme l’explique David Mancuso, directeur marketing de WaterCove Networks, dans le magazine britannique Evolution : ” L’industrie du mobile commence à comprendre que les clients achètent des “services”, pas de la technologie. La 3G représente simplement un cadre plus robuste dans lequel faire évoluer les services qui se seront révélés rentables dans un environnement 2.5G. “

L’enjeu : facturer les services ” mobiles “

Le salon UMTS 2002 s’est donc efforcé de mettre en lumière les technologies et les modes de facturation capables de faire payer en ligne, et dès aujourd’hui, des services ” à la carte “, quel que soit le réseau utilisé (GSM, GPRS, UMTS).Si les SMS et SMS Premium ont défriché le terrain, leurs techniques de facturation restent assez frustes, avec des paliers de tarification définis par l’opérateur mobile. De plus, ces techniques feraient échouer près de 20 % des transactions effectuées, et empêchent une vérification en temps réel de la solvabilité des acheteurs.Dans le bras de fer en cours pour établir un modèle économique gagnant, à l’instar du kiosque Minitel ou de l’i-mode japonais, les opérateurs mobiles et les fournisseurs de services Internet (ISP) se trouvent au centre, jouant le rôle de tiers de confiance. Ils imputent les achats effectués via leurs réseaux mobiles sur la facture de leur client, reversant ensuite sa part au marchand. Aussi, opérateurs et ISP cherchent-ils à réunir dans leurs portails mobiles ou Web le plus de fournisseurs d’informations, de biens ou de services possible.A l’arrière-plan de cette chaîne se placent des sociétés spécialisées dans les systèmes de facturation de téléphonie mobile (Amdocs, Portal, Convergys) et de facturations de services ” mobiles “.Ces dernières, plutôt des jeunes pousses, proposent deux modes complémentaires de facturation : à l’acte, sous forme de ” micro-paiements ” limités à quelques euros (ainsi d’iPIN avec son système Enterprise Payment Platform, mais aussi de More Magic et d’Altamedius) ; ou bien sous des formes plus complexes, proposant différents types de facturation : à l’abonnement, à la durée voire au volume de données téléchargées (à l’instar de l’offre NetToll d’Enition ou des offres de Proquent et Volubile).

Un décollage extrêmement lent

Le micro-paiement est une technologie déjà ancienne. Pour preuve : iPIN, jeune pousse franco-américaine, l’a mise en place dès 1999 pour Club-Internet, puis pour Vodafone et British Telecom. En 2000, France Télécom créait spécialement une filiale, W-HA, destinée à promouvoir cette technologie auprès de marchands potentiels en Europe.Comment fonctionne le système d’iPIN : dans un premier temps, lors de la transaction, le module ” commerce routeur ” assure, en temps réel, cinq fonctions successives : identification de l’utilisateur ?” qu’il soit client d’un opérateur mobile ou d’un ISP ; authentification par mot de passe ; choix du compte à débiter et vérification de la solvabilité ; envoi de l’autorisation d’achat au marchand ; confirmation de la transaction. Dans un second temps, le module de compensation d’iPIN permet à l’opérateur ou à l’ISP de calculer la part qui revient au marchand dans la transaction.” Environ 10 % des 3,4 millions de clients de Wanadoo ont acheté au moins une fois en ligne grâce à notre système. […] Et la croissance moyenne des achats effectués grâce à iPIN est de 15 % par mois “, affirme Cyprien Godard, directeur du développement de la société en Europe.La transaction moyenne serait d’environ 1 euro, avec des taux de récusation d’achat par le client de l’ordre de 3 à 5 %. Pour des transactions inférieures à 10 euros, iPIN estime que les marchands génèrent deux fois plus de chiffre d’affaires avec son système de micro-paiement qu’avec des règlements par carte bancaire.Autre jeune pousse française, Enition développe, depuis 1999, NetToll, un mode de facturation des contenus numériques. Le principe de l’outil, qui en est à sa version 3.5, est d’insérer des ” jetons ” dans les paquets IP qui véhiculent l’achat d’un bien ou d’une information, puis d’imputer cet achat sur la facture téléphonique ou Internet du client. Ce “standard de monétisation numérique “, comme le déclare un porte-parole de l’entreprise a pour le moment plus séduit les investisseurs (Cisco, Reuters, Nokia et Softbank notamment sont actionnaires d’Enition) que les clients.” Nous avons une dizaine d’expérimentations techniques en cours en Europe, avec Monaco Télécom et Swisscom par exemple “, indique Hans Ivanovitch, nouveau directeur général de la société. Selon Enition, la langueur du marché de la facturation des services mobiles tient à deux raisons : la lente sensibilisation des sociétés en Europe et, surtout, la difficulté à mettre en place le partage des revenus.” Concrètement, les discussions entre opérateurs mobiles et marchands achoppent pour le moment sur la question des reversements “, estime Eric Zanaska, responsable avant vente d’Enition. Dernière difficulté, et pas des moindres : la difficulté à facturer les millions de clients mobiles qui utilisent des formules prépayées…

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Laurent Campagnolle