Passer au contenu

La face cachée de vos logiciels

Les programmes, quelle qu’en soit la nature, fourmillent de petites astuces non documentées. Mais pourquoi diable la notice d’utilisation n’en fait-elle pas mention ?

Dans un magazine micro ou sur un portail spécialisé, une rubrique est assurée d’un succès constant, celle des trucs et astuces. Pourquoi un tel engouement ? Parce que chaque utilisateur a la sensation, de façon plus ou moins consciente, que son logiciel ?” qu’il s’agisse d’une comptabilité professionnelle, d’un simulateur de vol, d’un antivirus ou même d’un système d’exploitation ?” en fait bien plus que ce que décrit la documentation officielle.A première vue, le fait paraît étrange. On s’imagine plutôt le logiciel comme le résultat d’un travail d’équipe, l’aboutissement d’un cahier des charges dont les moindres fonctions ont été minutieusement décrites, codées, assemblées, puis testées. Bref, dans lequel l’imprévu n’y a pas sa place.Et pourtant… Sans parler des ?”ufs de Pâques, aussi appelés Gang screens, que j’évoquais dans une autre chronique, les programmeurs ajoutent presque toujours, par défi, par commodité, ou même par jeu, des fonctions inédites, mais cachées.Ainsi, savez-vous que Excel est capable d’effectuer des calculs avec une précision de 28 décimales ? C’est pourtant ce que permet le très mystérieux type Decimal, sur lequel l’aide reste d’une discrétion étonnante.Windows lui-même contient un langage de programmation, le confidentiel WSH (Windows Scripting Host), qui remplace avantageusement les programmes de commande des versions précédentes. Mais, sur le CD de Windows, vous ne trouverez que quelques exemples de petits programmes rachitiques, même pas documentés.L’acheteur de tel ou tel programme de retouche d’images serait peut-être content d’apprendre que son logiciel contient un nuancier Pantone. Il ne le trouvera pourtant pas dans la documentation. Peut-être tombera-t-il dessus, par hasard, au détour d’une fenêtre de dialogue…C’est d’autant plus étonnant de la part d’un éditeur que l’attitude est anticommerciale. En effet, pourquoi les éditeurs de logiciels se priveraient-ils de mentionner une fonction supplémentaire de leur logiciel ? Imagine-t-on un constructeur automobile oublier de mentionner le quadruple Airbag ou l’autoradio RDS/MP3/GPS/… dans la plaquette publicitaire de sa voiture ?Si ces fonctions sont passées sous silence, c’est à mon avis que le concepteur du logiciel estime que nous, les clients, n’en aurons pas besoin… ou que nous serons incapables de les utiliser correctement.Essayez donc, lors d’un appel à la hotline de Microsoft, de proposer de lancer Dr Watson (un outil de résolution de pannes) pour aider le technicien à résoudre votre problème. Vous recevrez probablement une réponse du genre : “Malheureux, ne touchez pas à çà, vous allez nous faire chavirer !” (Le Crabe aux Pinces d’or, album de Tintin).Il est vrai que l’usage inconsidéré d’une fonction d’un logiciel peut provoquer des incidents graves. Mais de là à nous considérer tous comme des incompétents, il y a une certaine marge.Prochaine chronique mercredi 29 mai

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Etienne Oehmichen