Nombreuses sont les entreprises qui recrutent en masse de jeunes diplômés. Moins nombreuses sont celles qui avouent avoir des problèmes pour canaliser l’esprit de concurrence qui les anime. Pourtant, ce phénomène apparaît souvent un ou deux ans après l’entrée du jeune informaticien dans l’entreprise ?” période où il commence à s’affirmer et à formuler des revendications. Sur des problématiques techniques, cet esprit de compétition est rarement à déplorer. Il permet même de faire avancer plus vite les projets. En revanche, canaliser des rivalités basées sur des problèmes de carrière est beaucoup plus dur. “D’autant que, souligne Corinne Carles, DRH de la SSII Quartz Data, en voulant éviter la concurrence, on risque d’occulter l’émulation, qui, elle, est absolument nécessaire.”
Prendre le problème en amont et éviter les non-dits
L’encadrement doit être fort, équitable, et savoir détecter en amont ce type de problème. “Il faut absolument varier les cultures, les formations, les expériences et les âges dans les équipes, estime Caroline, ancienne DRH d’une entreprise informatique. Des BTS, des diplômés de la fac ou de formations continues permettent de tempérer les choses. Et cela parce qu’ils n’ont pas, eux, été entraînés, pendant trois ans de classes préparatoires, à développer leur esprit de compétition.” Autre possibilité : faire prendre conscience au junior qu’il a besoin des autres. “A leur arrivée, nous intégrons les jeunes diplômés dans des chantiers internes. Nous leur faisons ainsi constater que l’on va plus vite collectivement qu’individuellement. Ils comprennent alors que, pour progresser dans l’entreprise, ils devront démontrer non pas leur capacité à écraser le voisin, mais leur volonté d’avancer avec lui”, explique Patrick Lassus, directeur de la société de conseil Aubay Stratégie technologique. Les systèmes de parrainage sont également efficaces. Le tuteur ?” souvent un ancien dans la société ?” a pour mission d’apprendre la méthodologie de l’entreprise au jeune diplômé. Mais, accessoirement, il détecte aussi les personnalités qui pourraient poser des problèmes et remonte l’information au management.Viennent ensuite des méthodes plus dures si l’ennui subsiste : mettre en échec le jeune diplômé ou organiser une confrontation directe. “Si l’on repère une trop forte tête, je profite des réunions de groupe pour le mettre en face de deux ou trois études de cas qui lui démontrent qu’il ne sait pas tout sur tout”, explique Eric Didier, directeur général de l’éditeur de logiciel Soamaï. Patrick Lassus, lui, préfère provoquer un face-à-face afin d’éviter les non-dits. “J’expose au collaborateur le problème de comportement que j’ai cru percevoir. Je lui demande s’il en est d’accord, et nous voyons ensemble ce que nous pouvons faire pour améliorer la situation. Ensuite, soit nous avançons en bonne intelligence, et le jeune diplômé s’intègre, soit nous stoppons la collaboration.” Car une compétition malsaine peut générer de la rétention d’information ou une mauvaise ambiance qui auront un impact sur l’efficacité de l’entreprise et sur son turnover.
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