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La difficile gestion des droits numériques

Devant la disparition du support physique, l’enjeu pour les majors du disque et pour les distributeurs en ligne d’?”uvres numériques est de contrôler la distribution des fichiers dans un univers dématérialisé.

Vivendi Universal et Sony Music d’un côté, Bertelsmann, EMI et Warner de l’autre. L’agonie du site d’échange gratuit Napster à peine achevée, les majors du disque se préparent déjà à l’affrontement dans la bataille de la musique en ligne. Quels que soient les business modèles définitivement adoptés par les deux grands services qui verront le jour, Duet (Vivendi-Universal et Sony) et Music Net (Bertelsmann, EMI et Warner) la technologie risque fort de dicter ses choix.En effet, au-dessus des modèles du streaming (diffusion) et du téléchargement, c’est la gestion des droits qui prévaut, que ce soit les droits des auteurs ou ceux que les consommateurs détiendront sur les titres de musique achetés. Pour les majors, le streaming permet de se dédouaner des problèmes de sécurisation car le consommateur n’entre pas en possession d’un fichier musical. Pour l’éditeur, il s’agit de gérer l’accès à un service, par le biais d’un abonnement. Avec Napster, la distribution a montré ses limites : pour un fichier musical acheté légalement par un internaute, un nombre indéterminé de copies sera distribué à travers le réseau. La parade à ce danger est technologique : le Digital Rights Management (DRM), ou gestion des droits numériques.

Contrôler l’usage précis des fichiers musicaux

Née vers le milieu des années 90 près de la Silicon Valley, cette technologie permet de contrôler l’utilisation, la duplication et la diffusion, redistribution incluse, de fichiers numériques. Le pionnier dans ce domaine est la société californienne Inter Trust. Avec le DRM, une major peut sur son service de musique en ligne contrôler l’usage précis des fichiers musicaux qu’elle commercialise, que ce soit à l’intention de distributeurs ou de consommateurs. Ceux-ci pourront, par exemple, disposer de droits leur permettant de dupliquer autant que souhaité un fichier musical, sans pour autant que soient supprimés les droits qui lui sont attachés. Il sera possible d’envoyer par internet le fichier à un tiers qui ne pourra alors l’écouter qu’un nombre de fois limité. Si ce fichier est de nouveau transmis, il ne sera plus lisible.Avant que les problématiques de la musique et de la vidéo en ligne n’émergent, le Digital Rights Management a servi à la sécurisation de tous les contenus distribués électroniquement, comme par exemple les logiciels. C’est là le domaine de compétence de Netquartz, société française fondée en mars 1997 par quatre anciens collaborateurs de l’américain Rainbow Technologies, spécialisée dans la protection des logiciels distribués électroniquement. “Notre approche consiste à exporter une partie du code d’une application sur un serveur afin que son exécution ne soit possible qu’une fois les droits d’utilisation vérifiés en ligne “, explique Christophe Bouilhol, président et l’un des fondateurs de Netquartz. Et ce qui est possible pour un logiciel téléchargeable sur internet, l’est aussi pour un fichier de musique. Lorsqu’un internaute téléchargera un fichier musical sécurisé par Netquartz, il ne pourra l’écouter sans s’être préalablement identifié auprès d’un serveur. C’est ce dernier qui stocke les droits d’accès et d’utilisation établis par l’éditeur.À l’inverse, Inter Trust a opté pour une technologie d’imbrication des droits dans le fichier numérique. L’éditeur peut ensuite choisir de débloquer le fichier numérique, ponctuellement ou définitivement. Netquartz finalise sa solution ” ez platform ” avec pour priorité de valoriser l’achat en ligne. Ce qui est rendu possible par la création d’un canal de communication avec l’acheteur. “Il est primordial que les technologies ne perdent pas de vue le contact avec l’utilisateur final “, indique encore Christophe Bouilhol. De la même façon, la connexion au serveur pour la vérification des droits d’utilisation d’une ?”uvre peut aussi permettre de transmettre au consommateur des informations supplémentaires : biographie de l’artiste, discographie, offres promotionnelles personnalisées, etc. Au problème de l’utopie de la sécurisation absolue, Christophe Bouilhol apporte une réponse en deux temps : “Ce qui importe c’est tout d’abord de mettre le maximum de bâtons dans les roues à tous ceux qui veulent pirater la protection, mais aussi et surtout de faire que l’effort fourni ne soit en aucun cas générique“.

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Christophe Dupont