Dans leur bataille contre Expedia, Tripadvisor et Hotels.com, les hôteliers reçoivent un soutien inattendu de Bercy. Frédéric Lefebvre, le secrétaire d’Etat à la Consommation, a demandé à la DGCCRF (Direction générale de la consommation de la concurrence et de la répression des fraudes) de s’associer à la plainte déposée par le syndicat de l’hôtellerie contre le groupe américain Expedia et ses deux filiales. « C’est la première fois que nous nous joignons dans une procédure civile pour faire cesser des pratiques qui ciblent les consommateurs », explique-t-on à la DGCCRF. L’Etat a déjà mené une action au civil au nom de l’intérêt général pour intervenir dans les relations contractuelles entre la grande distribution et ses fournisseurs.
Contacté par 01net., le groupe américain n’a pas souhaité faire de commentaire sur l’arrivée de l’Etat dans la procédure menée à son encontre. Les faits reprochés par le Synhorcat (syndicat hôtelier) et aujourd’hui par la DGCCRF, à laquelle Frédéric Lefebvre avait demandé d’enquêter en janvier dernier, sont pourtant sérieux.
Infractions multiples
Les sites incriminés laisseraient croire que certains hôtels sont complets, « alors que leurs plannings prouvent le contraire ». Les intermédiaires redirigeraient leurs visiteurs vers d’autres établissements avec lesquels ils ont passé un accord. Le détournement de clientèle serait systématique pour « les hôtels non partenaires qui seraient toujours indiqués comme “complets” ».
Autre pratique relevée : le remplacement du numéro de téléphone de l’hôtel, « dans une même police de caractère », par celui d’une centrale de réservation à laquelle le professionnel n’est pas affilié. Selon la DGCCRF, le client sera alors irrémédiablement orienté vers un établissement partenaire. En plus de cela, de « multiples informations trompeuses dans le descriptif des hôtels ou sur leur nombre d’étoiles ont été relevées ».
Plus grave encore, des sites gonfleraient les prix de départ pour laisser croire aux clients qu’ils bénéficient d’une réduction en passant par leur service, alors qu’il n’en est rien.
Une dizaine de sites dans le collimateur
Dans un communiqué, le Synhorcat s’est félicité « de cette démarche exceptionnelle de la part de l’Etat ». Le syndicat a pris note de certaines modifications effectuées par le site d’avis tripadvisor.fr, mais ces changements « effectués à la veille de l’audience » ne sont pour lui qu’une étape.
Si le syndicat a demandé des dommages et intérêts au nom de ses membres, Expedia, hotels.com et Tripadvisor ne risquent pas grand-chose du côté de la DGCCRF. L’action au civil, plus rapide, n’implique aucune amende. Bercy ne peut qu’exiger « la cessation de ces pratiques, sous astreinte ».
Il n’en sera peut-être pas de même pour tous les acteurs du secteur de la réservation d’hôtels. « Nous enquêtons sur une dizaine d’autres sites Internet de renommée mondiale. Les résultats nous arrivent encore et il pourrait fort bien être décidé de poursuivre cette fois certains sites au pénal », indique la DGCCRF. A deux mois des vacances, ces intermédiaires feraient bien de revoir leurs pratiques.
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