Les sociétés des réseaux et des télécoms ont connu une année 2000 des plus prospères, marquée par des sommets en matière de Bourse. Au début de l’année 2001, se déclenche une épidémie foudroyante qui met sur le flanc les mastodontes du marché. Lucent d’abord, puis Nortel, Motorola et même Cisco annoncent que les jours qui viennent seront difficiles.A la clé, des perpectives de développement qui se réduisent comme peau de chagrin, un cours de l’action qui dégringole et, surtout, des vagues de licenciements : environ 16 000 chez Lucent, jusqu’à 15 000 chez Nortel et presque autant chez Motorola. Cisco parle maintenant de 8 500 employés, contre 3 000 à 5 000 il y a un mois.Même les Européens sont touchés : Ericsson, Siemens, Alcatel, Nokia annoncent des suppressions d’emplois, bien que plus limités que de l’autre côté de l’Atlantique.Après cette saignée, on pensait que l’industrie allait entrer en convalescence. Mais non, le mal s’aggrave. Au début du mois, des rumeurs laissaient entendre que Lucent serait en situation de faillite, et que Motorola aurait des difficultés de trésorerie. Les deux sociétés ont démenti catégoriquement.Il n’empêche : le fait que ces bruits aient pu, un moment, paraître crédibles montre à quel point l’état d’esprit du marché a changé et que l’heure est au pessimisme, voire au catastrophisme. Nul n’y aurait prêté la moindre attention il y a un an.Pour certains, l’état de santé est encore plus alarmant. Il ne s’agit plus de rumeurs, mais de faits. PSINet est au bord du gouffre, tandis que GTS se sépare de ses activités grand public et cartes prépayées, comme on coupe les membres qui menacent de gangrener ce qui est encore sain. Quant à Viatel, opérateur d’origine européenne qui a construit un réseau paneuropéen, c’est sa survie qui est en jeu, après des pertes qui ont augmenté de 700 %.Et il n’est pas le seul. Les opérateurs de boucle locale radio boivent le bouillon, revoient leurs plans à la baisse et pourraient bien disparaître Même les opérateurs historiques sont en mauvaise posture. BT en est à revendre une partie de son parc immobilier et se sépare même de son parc automobile : à la clé, un milliard de livres sterling. Il n’y a pas de petites économies.On est bien loin de l’euphorie du début de l’an 2000 et des promesses de l’Internet mobile. Certains commencent à croire que l’UMTS ne verra jamais le jour. L’ancien directeur de la recherche et du développement de BT, Peter Cochrane, affirme même qu’avec les folies des enchères de l’an passé, l’Europe sest tirée une balle dans le pied.Prochaine chronique le vendredi 4 mai 2001
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