Un défaut détecté en phase de spécification coûte cent fois moins cher à corriger que lorsqu’il est découvert en phase d’intégration. Strictement exact ou légèrement exagéré, ce ratio hante les couloirs des directions informatiques. Et, avec lui, le cortège de problèmes liés à un projet de développement logiciel mal géré. Les réponses qui semblent avoir été trouvées par certaines industries – aéronautique, télécommunication et pharmaceutique notamment – se regroupent sous le terme de qualité. D’ISO 9000 à CMM, en passant par Spice (voir tableau), elles visent à faire passer une organi- sation informatique d’un niveau empirique à un autre, basé sur la reproductibilité et la maîtrise des processus de développement.
“La qualité est rebutante et incontournable à la fois “, résume Antoine Nardèze, consultant spécialisé dans l’amélioration du processus logiciel. Rebutante, car les effets se mesurent plutôt sur le long terme (voir encadré). Incontournable, car elle constitue souvent le seul garde-fou contre les erreurs les plus classiques. Et, la meilleure base pour s’améliorer.
Jusqu’où aller dans la rigueur ?
De “rebutante “, la démarche qualité devient déroutante dès qu’il s’agit de la vendre à sa direction. Un point d’autant plus critique que cette dernière doit s’engager, au lancement d’une évaluation, sur l’affectation de ressources humaines et financières, sur la communication ainsi que sur la coordination dans l’entreprise. En échange de ces promesses, il est possible de lui faire miroiter un retour sur investissement – mais sur le long terme. Et, surtout, la diminution du taux de dérapage de projets.
A l’UCB (Union de crédit pour le bâtiment), l’un des arguments décisifs pour lancer une évaluation CMM a été le passage en “versionning “, l’un des points forts du modèle. L’établissement de crédit immobilier effectue, en effet, chaque année trois versions de son système d’information. En outre, il a prévu dans un proche avenir de se transformer en véritable éditeur de logiciels.
Chez CS Systèmes d’information, “le CMM est venu alimenter une réflexion, souligne Bernard Boyer, directeur méthodes. La base de notre système qualité est ISO 9001. Nous nous intéressons ensuite au développement logiciel proprement dit “. L’entreprise, qui développe des systèmes clés en main pour les centres de contrôle satellite ou des logiciels embarqués pour l’aéronautique, s’interroge à chaque lancement de projet : “Jusqu’où va-t-on aller dans la rigueur associée à la documentation, aux standards de codage, etc. ?”
Il est possible de mener de front une démarche qualité classique, type ISO 9001, parallèlement à une évaluation CMM ou Spice. “ISO 9001 touche une palette large d’entreprises “, explique Françoise Goelff, de l’Association française pour l’assurance de la qualité (Afaq). Reste ensuite à faire la part entre le besoin “marketing ” de rassurer ses clients sur des compétences logicielles et la nécessité réelle de les améliorer.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.