En France, 82 % des éditeurs et 91 % des SSII n’auraient pas encore eu recours à l’offshore. D’ici à deux ans, un tiers de ces mêmes entreprises s’y sera mis. Les causes principales de réticences ? Pas de projets qui s’y
prêtent, méfiance dans la qualité des travaux, une politique de l’entreprise privilégiant les développements internes… Cet état des lieux de l’offshore est issu d’une
enquête réalisée fin 2002, par le cabinet Cead Technologies, auprès de 512 éditeurs et SSII, basés en France.Le cabinet Cead Technologies a été créé en septembre dernier pour conseiller les entreprises justement tentées par l’offshore. L’enquête n’est évidemment pas totalement désintéressée. Denis Gustin, consultant du cabinet (et ancien
PDG de la filiale Internet de l’Institut BVA) reconnaît que ces résultats ne le surprennent pas : ‘ L’offshore a longtemps été une politique cachée, surtout due à de petites sociétés. Un tabou est en train de sauter via
Valtech et Cap Gemini. ‘
Ces deux dernières sont effectivement en train de s’implanter en Inde pour endiguer les effets de la crise sur leurs résultats.
Des coûts réduits de 40 à 50 %
Car là non plus, pas de mystère, la délocalisation a d’abord pour objectif la réduction des coûts. D’après l’étude, ‘ L’offshore permet de réduire de 40 à 50 % les budgets informatiques à périmètre de travaux
constants. ‘ Un développeur Java reviendrait à 15 euros de l’heure, un chef de projet à partir de 30 euros.Mais Denis Gustin tempère : ‘ Le problème principal de l’offshore, c’est la difficulté à gérer le projet. Les entreprises se précipitent à cause des prix, mais il y a beaucoup d’échecs. Il faut une gestion
rigoureuse pour une raison évidente : vous n’avez pas les gens en face de vous. ‘ Résultat : ce que l’entreprise va gagner en coût horaire, elle le perdra en partie en gestion. ‘ L’avantage
concurrentiel va effectivement se constater assez vite, mais au lieu d’un gain de 60 %, il sera de l’ordre de 30-40 %. ‘Quant aux pays de destination des délocalisations, pas de révélations fracassantes : l’Inde, la Russie et la Roumanie sont les plus cités. ‘ La Roumanie, c’est à cause de la langue. La France n’a pas
l’équivalent de l’Inde pour la Grande-Bretagne. Ce sont souvent de toutes petites sociétés qui y vont, peu structurées. Il n’y a pas là-bas de vraie culture d’ingénieurs. ‘L’Inde reste le pays le plus prisé. Par le nombre d’ingénieurs et par les normes de qualité que les grands donneurs d’ordre américains y auraient imposées au fil des années. ‘ Elles sont sans commune mesure avec
les normes françaises ; elles sont issues du domaine militaire. ‘
Inquiètude et mécontentement des salariés
Il reste que l’externalisation ne se fera pas forcément sans protestation de la part des salariés. ‘ Il est évident que, pour certains types de projets, cela peut faire très mal, reconnaît
Denis Gustin. Notamment dans les SSII de taille moyenne qui vendent des hommes sans vraie valeur ajoutée, pour les grands projets de développements dans les grands comptes. ‘De fait, la grogne a déjà commencé. En France, un informaticien indépendant, actuellement au chômage, tente d’organiser la protestation au sein du
Munci (Mouvement pour une union nationale des consultants en informatique). En Angleterre, les salariés de British Telecom vont faire du 20 mars prochain une journée de mobilisation contre
l’externalisation en Inde. Des manifestations sont prévues devant une trentaine de bureaux de BT. D’ici à mars 2004, l’opérateur britannique doit employer 2 200 personnes à Bangalore et à New Delhi, mais affirme que cela ne coûtera pas un
emploi à lAngleterre.
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