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La crise des télécoms frappe les start-up américaines

Les restrictions chez les opérateurs, ajoutées à la frilosité du capital-risque, mettent en péril les jeunes pousses américaines dans les équipements d’infrastructure. La Silicon Valley est à l’heure du bilan : elle compte ses victimes et… ses survivants.

“Nous avons été prévenus le jour même de la cessation de l’activité de l’entreprise”, commente Michel Lavergne, responsable pour l’Europe du Sud de Nexsi. Cette jeune pousse californienne a brutalement fermé ses portes le 16 avril dernier, prenant tous ses salariés par surprise. Elle développait pourtant un commutateur très performant pour opérateurs et ISP, intégrant en un seul châssis des fonctions de VPN, de pare-feu et d’équilibreur de charge.Fort de 90 millions de dollars de capitaux, Nexsi était soutenu jusque-là par des fonds de capital-risque renommés. Mais, Nexsi aurait dépensé beaucoup d’argent pour développer l’architecture matérielle innovante de son châssis… et ce qu’il en reste aujourd’hui serait entre les mains de Juniper pour la somme de 2,5 millions de dollars, selon des discussions parues sur le site Web américain Lightreading. Plus généralement, la pompe de la Silicon Valley s’assèche petit à petit, mettant à mal les start-up en phase de lancement.De manière moins brutale, BrightLink a aussi fini par jeter l’éponge, fin avril dernier, après une lente agonie. Fondée en 1998 et ayant levé des fonds à hauteur de 113 millions de dollars, la firme avait réussi à développer un commutateur de liaisons en fibre optique pour c?”ur de réseaux d’opérateurs, concurrent du CoreDirector de Ciena.

L’optique souffre

Le système était en phase finale de tests chez plusieurs opérateurs américains. Le très fort ralentissement des commandes d’équipements d’opérateurs, pour leurs infrastructures optiques longue distance est ici mis en cause par les dirigeants de l’entreprise.D’autres jeunes firmes du secteur souffrent, mais résistent. C’est le cas de Corvis, qui n’a engrangé que 8,7 millions de dollars de chiffre d’affaires sur son premier trimestre 2002 (de janvier à mars) pour une perte nette de 70 millions de dollars. La société, introduite en Bourse en juillet 2000, dispose encore de fonds importants, levés à cette occasion, qui lui ont permis de développer un portefeuille de produits de transmission longue distance et de commutation sur fibre optique. “En dépit de modestes améliorations économiques, l’environnement et la visibilité à court terme restent délicats pour notre secteur”, commente sobrement David Huber, p.-d.g. de Corvis.Affecté par des réductions drastiques d’achats d’équipements d’opérateurs, le secteur des routeurs IP ultraperformants pour c?”ur de réseaux d’opérateurs a été, de surcroît, victime d’anticipations exagérément optimistes, tout en étant dominé par Cisco et Juniper. Le californien Pluris Networks, qui a pourtant reçu plus de 215 millions de dollars de financement, n’a pas encore engrangé de commandes fermes après cinq ans d’existence ! Et son concurrent, Avici, accumule les pertes nettes sur l’année fiscale calendaire 2001 (- 95 millions de dollars), mais aussi sur son premier trimestre 2002 (- 18 millions de dollars)…

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Frédéric Bergé